Une députée de Vox a gagné son recours au Tribunal constitutionnel espagnol contre les autres partis qui ont formé contre elle un cordon sanitaire politique.
Faire barrage à l’extrême-droite, former un front républicain, étendre un cordon sanitaire sont des expressions répétées ad nauseam en France pour tenter d’empêcher Marine Le Pen d’accéder aux commandes du pays. En Espagne, avec le système de répartition des élus à la proportionnelle, la forme est différente mais le fond similaire.
Depuis 2018, Vox, l’extrême-droite locale, a fait irruption dans tous les organes législatifs du pays, au parlement national comme dans les conseils régionaux. La droite classique, le Partido Popular, ne fait pas barrage contre Vox mais gouverne avec le mouvement d’extrême-droite dans les conseils régionaux de Madrid, d’Andalousie, de Murcie et de Castille-et-León.
En revanche, le conseil régional basque, dirigé par les indépendantistes modérés, a décidé de mettre en place depuis deux ans un cordon sanitaire contre l’unique élue de Vox Amaia Martínez. Cette dernière, estimant que ses droits parlementaires ont été violés, a saisi le Tribunal constitutionnel. Et il s’avère que les juges lui ont donné raison.
Le cordon sanitaire illégal
Dans les faits, la majorité parlementaire a réduit les tours de paroles et les temps d’intervention devant l’hémicycle de la parlementaire de Vox. Étant seule députée de son parti, Amaia Martínez aurait du se retrouver dans ce que l’on appelle en Espagne le groupe mixte. Une sorte d’équivalent des députés non-inscrits, en France.
Quand un parti possède un seul élu, il se retrouve tout seul dans le groupe mixte. Dans le cas de la députée de Vox, l’accès a été refusé par la majorité du conseil régional basque, estimant qu’il fallait au moins trois élus pour la création du groupe. Les socialistes, les indépendantistes et la gauche radicale de Podemos n’ont pas caché le but de la manœuvre : en ne figurant pas dans le groupe mixte, la députée perdait des moyens financiers, l’embauche d’assistants parlementaires et une diminution drastique de son temps de parole en séance publique. Le but était de former un cordon sanitaire contre l’extrême-droite.
Dans sa sentence du 6 avril, le Tribunal constitutionnel condamne l’ensemble des faits arguant que les droits parlementaires de Amaia Martínez ont été violés, notamment concernant son temps de parole et les moyens financiers perdus. Le cordon sanitaire devient de fait illégal et la sentence est un avertissement pour le parlement de Catalogne, qui, sur le modèle basque, isole depuis deux ans les élus de Vox.
Cordon Sanitaire contre Vox au parlement catalan
4ème force du parlement avec 11 députés, Vox aurait dû accéder à un certain nombre de responsabilités. En premier lieu, le parti d’extrême-droite aurait dû siéger au sein du bureau du parlement. Cette organe gère l’ordre du jour de la chambre des députés, accepte ou refuse la discussion des textes de lois, interprète et applique le règlement du parlement et assure l’équité de traitement des parlementaires.
Cependant, les groupes parlementaires indépendantistes, Podemos et les socialistes ont uni leurs forces pour appliquer un veto, empêchant toute représentation de Vox au sein du bureau du parlement. Le siège de Vox a été attribué à l’extrême-gauche indépendantiste de la CUP. Par ailleurs, la gauche et les indépendantistes ont fait en sorte que Vox n’obtienne aucune présidence de commission. Vox, mis au ban de toute responsabilité depuis deux ans, a aussi saisi le Tribunal constitutionnel, qui rendra sous peu sa sentence.