Les Catalans du sud de la France n’ont obtenu aucune attention des candidats à l’élection présidentielle. Voyage dans cette morne plaine électorale.
Dans la France jacobine, les sensibilités régionales ont la plus grande difficulté à se faire entendre. L’assassinat du prisonnier nationaliste Yvan Colonna par un djihadiste a remis le dossier corse sur la table du Conseil des ministres. Si Emmanuel Macron est réélu et qu’il tient sa promesse, l’île de Beauté pourrait se voir dotée d’un statut d’autonomie politique renforcé.
Retour en métropole, à Perpignan. La ville la plus éloignée de Paris géographiquement est également la plus lointaine de la capitale politique. L’ensemble du département des Pyrénées-Orientales, historiquement la Catalogne Nord, ne représente que 0,7 % du corps électoral français. L’influence des catalanistes, qui réclament eux aussi une autonomie politique singulière, est quasiment inexistante.
Par extension, aucun candidat de l’élection présidentielle ne s’intéresse à la question catalane. Curieusement, l’une des voix politiques les plus influentes du catalanisme à Perpignan est le député Romain Grau et il appartient à la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. Un chef de l’Etat connu pour son insensibilité aux questions d’identités régionales.
En 2019, lors de la venue de l’ancien président de la Catalogne à Perpignan, le député Grau trinquait à son domicile avec Carles Puigdemont pour célébrer « toutes les Républiques ». Cependant, durant les cinq années de son mandat, le parlementaire n’a jamais fait mention de la Catalogne et de sa particularité régionale dans ses travaux à l’Assemblée Nationale.
Mélenchon absent
Jean-Luc Mélenchon semble le candidat à la présidentielle le plus perméable aux concepts de catalanité. A moultes reprises, l’indigné prit position en faveur d’un référendum en Catalogne (sud) et demanda la libération des membres du gouvernement Puigdemont, poursuivis après la tentative sécessionniste de 2017.
Jean-Luc Mélenchon s’est ainsi aligné sur Podemos, le cousin espagnol des Insoumis. Cependant, durant cette campagne, il n’a envoyé aucun signal à l’électorat catalan du sud de la France.
Un Rassemblement national difficile à cerner
Le Rassemblement National, quant à lui, a toujours été bipolaire sur cette question. Lors de ses campagnes municipales, l’actuel maire de Perpignan, Louis Aliot, a toujours pris soin d’utiliser les codes culturels catalans, notamment les couleurs sang et or dans sa communication électorale.
Il a par ailleurs déclaré en 2018 sur la radio France Bleu Roussillon que les « les indépendantistes catalans n’ont rien à faire en prison [NDRL le gouvernement Puigdemont après la déclaration d’indépendance] ». A contre-pied, le maire Aliot ne cesse depuis son élection d’avoir des prises de becs avec la communauté catalane de la ville, notamment sur l’agrandissement d’une école en langue catalane.
Pas de réponse
Activistes par nature, les catalanistes ont essayé de faire entendre leur voix durant cette campagne électorale. Le collectif de Solidarité avec le Peuple Catalan a contacté les candidats pour qu’ils s’expriment sur « les sujets relatifs à l’autodétermination des peuples, aux questions juridiques espagnoles quant à la liberté d’expression et aux libertés civiques, au problème posé par l’emprisonnement d’élus au sein même de l’Union Européenne ». Le collectif n’a obtenu qu’une seule réponse : celle de Philippe Poutou, candidat d’extrême-gauche crédité de 0,5% dans les sondages. Le Nouveau Parti Anticapitaliste exprime son « soutien indéfectible au droit à l’indépendance de la Catalogne ».
Face au silence des autres impétrants, Christophe Vix-Gras, l’un des porte-paroles du collectif, tente de nuancer : « les candidats n’ont pas non plus apporté de réponses sur des causes bien plus importantes comme les banlieues, la culture, l’éducation« .