Les prix très bas des fruits et légumes espagnols cachent une réalité dure à assumer pour les agriculteurs du pays, qui n’arrivent parfois même pas à couvrir leurs frais de production.
Photo : Antonio Lajusticia Bueno/Ajuntament
C’est un peu une évidence : les fruits et légumes sont moins chers en Espagne. Faire ses courses et acheter des produits frais au Mercadona du coin est plus économique qu’en France, grâce notamment à l’importante production agricole espagnole. Et pourtant, ces mêmes prix sont dénoncés par les agriculteurs espagnols, car ils sont bien trop bas.
Le phénomène existe dans toute l’Espagne, et notamment en Catalogne, où les petits producteurs dénoncent les grossistes et supermarchés qui leur achètent leurs fruits et légumes à des prix dérisoires, à tel point que ceux-ci ne couvrent pas leurs coûts de production. Des coûts toujours plus élevés avec l’inflation record que connaît l’Espagne, ces derniers mois, et la hausse du prix des énergies.
Des prix dérisoires pour les agriculteurs, en Espagne
L’Unió de Pagesos, syndicat d’agriculteurs catalans, a même demandé au Ministère régional de l’Agriculture (Action climatique, de l’Alimentation et de l’Agenda rural) d’ouvrir une enquête. Ils soupçonnent les grossistes et supermarchés d’enfreindre la loi en achetant des oranges à un prix beaucoup trop bas, ces derniers mois. Un kilo de clémentines ou de mandarines leur rapporte environ 0,30 €, alors que le coût de production s’élevait à entre 0,42 € et 0,47 € le kilo, durant la période 2018-2019. Si les agriculteurs sont déjà déficitaires avec cette marge, le coût de production actuel est encore plus élevé, car il a augmenté d’au moins 20 % depuis lors. Les producteurs catalans vendent donc leurs agrumes à des prix dérisoires, qui ne couvrent même pas leurs frais.
Le problème est connu depuis longtemps, car il est dénoncé depuis des années par une majorité des secteurs agricoles du pays. Les éleveurs laitiers sont dans la même situation, en vendant leur lait 0,36 € le litre alors qu’ils ont besoin d’au moins 0,46 € le litre pour que leur production soit rentable. Même situation chez les viticulteurs, qui dénoncent des groupes connus comme Freixenet pour ne pas payer assez le raisin. Les producteurs touchent souvent moins de 10 % du prix de la bouteille, ce qui ne couvre, ici encore, pas le coût de production.
Pour le syndicat des agriculteurs catalans, des chaînes de supermarchés comme Mercadona, Carrefour, Lidl, Dia, Bon Preu ou encore Condis participent à cette pratique en achetant à très bas prix le lait, le vin, l’huile, les agrumes, les fruits et fruits secs, le riz, la viande de veau et de lapin, et en les vendant sous une marque blanche qui induisent souvent un prix en-dessous du coût de production et font du chiffre.
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