Après deux ans de Covid-19, Barcelone a dû s’adapter et son visage s’est transformé. Voici quatre changements qu’a vécu la capitale catalane, entre 2020 et 2022.
Photo : Clémentine Laurent/Equinox
Il y a deux ans, les Espagnols se confinaient face à un virus inconnu. Mais ils étaient loin d’imaginer que cette première mesure sanitaire était le début d’une crise sanitaire, économique et sociale pour le pays. Aujourd’hui, les restrictions sanitaires sont presque inexistantes et, outre le masque et l’hygiène des mains, on en oublierait presque le Covid-19. Et pourtant, ses traces sont encore visibles dans la Barcelone de 2022.
Les pistes cyclables
L’un des héritages de la pandémie, dans la capitale catalane, est son réseau de pistes cyclables. Bien que la maire actuelle, Ada Colau, misait déjà beaucoup sur le développement du vélo à Barcelone, la crise du Covid-19 et les confinements étaient une opportunité pour agir en profondeur. La déstabilisation de nos sociétés modernes par le virus, ainsi que la désertion des rues pendant le confinement, étaient le meilleur moment pour changer les mentalités et pousser les Barcelonais à privilégier les déplacements en vélo.
Le réseau de pistes cyclables a doublé en longueur, depuis le début du mandat de Colau : de 116 kilomètres en 2015, il est passé à 240 kilomètres de pistes cyclables fin 2021. Et la mairie ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et vise les 272 kilomètres en 2023. Barcelone n’a donc pas fini de changer.
Les terrasses
L’un des secteurs les plus touchés par la pandémie, à Barcelone, est indéniablement le tourisme. L’hôtellerie-restauration a vu une bonne partie de ses bénéfices s’envoler, et pour rouvrir, il a fallu s’adapter. Aération et distanciation sociale obligent, les terrasses se sont multipliées sur les trottoirs et places de parking de la ville. Au total, 3700 terrasses ont vu le jour dans les rues de Barcelone, 11 000 tables et 43 000 chaises ; c’est 40 % de plus qu’avant la pandémie. L’objectif était de permettre à des établissements trop exigus d’accueillir plus de clients, tout en respectant la distanciation, après une période de fermeture difficile à tenir au niveau financier.
Et depuis, les terrasses sont toujours là : la mairie permet aux restaurateurs de conserver leur licence extraordinaire, sous condition de respecter quelques règles. Certaines terrasses “Covid” disparaîtront donc, au 31 mars, de quelques rues trop fréquentées, ou lorsqu’elles ne suivent pas les mesures de sécurité de la mairie. Mais celles qui restent auront tout de même transformé le paysage urbain.
L’offre de bars et restaurants
Tous les restaurateurs n’ont pas réussi à tenir face à la fermeture forcée. 15 % des établissements de Barcelone ont fermé en presque deux ans, selon la confédération d’entreprises de l’hôtellerie espagnole ; c’est le double du chiffre habituel. Certaines enseignes historiques bien connues, comme les célèbres Agut et Can Soteras, ont baissé le rideau.
Photo : Mariona Gil/Ajuntament
Autant de locaux et de licences qui ont pu être repris par d’autres, et qui donnent aujourd’hui une foule de nouveaux restaurants, bars et cafés aux Barcelonais et touristes. Au point que la mairie souhaite contrôler leur expansion, notamment dans l’Eixample, pour limiter le dérangement du voisinage, comme sur la Carrer d’Enric Granados.
Les livraisons et achats en ligne
Dîner japonais, courses, dernier produit high-tech… Le confinement et les limitations d’ouverture des commerces ont habitué les Barcelonais à commander en ligne et recevoir chez soi. Mais maintenant qu’ils peuvent retourner au restaurant ou dans les centres commerciaux, ils conservent cette tendance. En Espagne, les livraisons de plats à emporter représentaient plus d’un million d’euros en 2021, alors qu’il atteignait seulement les 707 000 euros en 2019, selon une étude de l’entreprise de livraison de plats Just Eat. Une augmentation de 47 % sur deux ans, qui devrait se poursuivre encore à l’avenir selon l’étude.
Et les commandes de plats à emporter ne sont pas les seules concernées. Les achats en ligne, de manière générale, connaissent une embellie depuis la pandémie : 35 % d’augmentation en 2021 en Espagne, selon la revue spécialisée Food Retail. C’est même plus qu’en 2020, pourtant l’année du premier confinement. Une preuve que les Espagnols, dont les Barcelonais, se sont habitués à acheter en ligne et recevoir leurs colis et commandes sur le pas de leur porte, plutôt que de se déplacer jusqu’aux restaurants et commerces de la ville. Les livreurs n’ont jamais été aussi présents, à Barcelone, une conséquence parmi tant d’autres de la pandémie qu’a vécu le monde.
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