Ada Colau, mise en examen dans une affaire de corruption supposée, a été entendue ce midi par la justice.
Ada Colau a obtenu les clés de la mairie en 2015 en se plaçant en héraut de la lutte contre la corruption. Colau a dû quitter ce matin la tribune symbolique de la procureure médiatique pour descendre s’asseoir sur le banc des accusés. La justice reproche à la maire, officiellement mise en examen, de supposées irrégularités commises dans l’octroi de subventions municipales à des associations à caractère social.
Cependant, la culpabilité de la première édile de Barcelone reste difficile à démontrer. La plainte émane d’un collectif anti-Colau (ATCD) et concerne un octroi de 3,4 millions d’euros à des entités idéologiquement proches de l’actuelle maire : l’association du droit au logement, dont l’édile fut un temps la porte-parole (PAH) ; et un collectif contre le réchauffement climatique (la Alianza contra la Pobreza Energética, APE), entre autres. Le dossier d’accusation est fragile.
D’une part, le parquet a déjà enquêté sur ces subventions l’an dernier à la demande de l’ATCD en arrivant à la conclusion qu’aucune irrégularité n’avait été commise. D’autre part, les associations concernées bénéficiaient déjà de subventions avant l’arrivée au pouvoir d’Ada Colau. La mairie dirigée par Xavier Trias, colorée politiquement au centre-droit, versait des subsides aux mêmes entités.
Devant la Cité de la justice dont le siège est à L’Hospitalet de Llobregat, Ada Colau était attendue à la fois par ses supportes, mais également par une cinquantaine de manifestants issus de l’extrême-droite de Vox réclamant sa démission.
A l’entrée du tribunal, sur les coups de 10h30 Colau l’a jouée profil bas pénétrant dans l’édifice par une porte dérobée. Plus tard devant la presse, la maire s’est justifiée de n’avoir rien fait de mal à part défendre des associations ayant un rôle social très important à Barcelone. La maire a dénoncé « la mauvaise foi » des parties civiles. « J‘étais très sereine lors de ma comparution devant le tribunal car nous n’avons rien à cacher » a ajouté Colau.
Un panorama politique compliqué pour les municipales de Barcelone
L’affaire judiciaire a forcément une portée politique à un an de l’élection municipale. Colau n’est pas encore officiellement candidate à un troisième mandat et mûrit sa réflexion.
L’opposition est fragile au Conseil municipal de Barcelone. Manuel Valls est rentré en France laissant son parti Barcelone pel Canvi en putréfaction. Ciudadanos est en mort clinique au plan national comme local. La droite du Partido Popular représentée au Conseil municipal par l’entrepreneur Josep Bou est en crise, l’homme d’affaires entretenant de mauvaises relations avec le parti de droite. Les indépendantistes de gauche n’ont pas de candidat, et ceux de droite devront composer avec une image de Carles Puigdemont compliquée à porter dans une ville internationale comme Barcelone. Enfin, les socialistes tenteront de présenter une candidature qui devra forcément assumer une partie de bilan de Colau avec laquelle le PS gère la ville en coalition depuis 2019.