A 56 jours de l’élection présidentielle, les Français de Barcelone attendent également ce grand rendez-vous démocratique avec impatience, angoisse ou espoir. Reportage.
Employé dans une startup de Poblenou, Yohann, 38 ans, scrute les dernières infos de la campagne. « Eric Zemmour bénéficie d’un buzz médiatique incroyable, mais j’aimerais aussi connaitre les candidats que l’on voit un peu moins » confie le Français installé à Barcelone depuis six ans. Mais ce qui lui manque le plus, c’est de ne pas pouvoir partager ses impressions avec d’autres compatriotes : « on doit passer par les médias sans pouvoir discuter avec des gens , c’est un peu dur ». Même regret pour Mehdi, Parisien de 34 ans installé près de la Sagrada Familia : « sur les groupes Facebook de Français de Barcelone personne ne parle de politique, c’est dommage. Quand je vivais en France, j’aimais parler sur les marchés avec les militants » se remémore celui qui a voté pour Benoit Hamont en 2017.
Parler avec d’autres Français, débattre avec des militants, mais aussi rencontrer les prétendants à l’Elysée, c’est ce que souhaite Amandine, qui vit à Barcelone depuis 2016 : « j’espère bien que des candidats vont venir à Barcelone pour rencontrer la communauté française ou qu’au moins ils organiseront un live sur un réseau social pour qu’on puisse les interpeller directement ».
Amandine
Car pour les expatriés, les questions sont nombreuses : démarches administratives, fiscalité, image de la France à l’étranger. Ce ne sont pas les sujets de préoccupation qui manquent pour les Français de Barcelone. « On le voit avec la crise en Ukraine, la France a un rôle prédominant dans le monde, et j’espère que sur ce sujet, comme pour d’autres il y aura une collaboration entre la France et l’Espagne » indique Amandine, qui travaille dans une société de conseil et suit activement la campagne, en attendant d’étudier le programme de chaque candidat.
Mickaël, qui est arrivé plus récemment et vit depuis le premier confinement vers la très animée rue d’Enric Granados, explique que l’éloignement le pousse à s’intéresser encore plus à cette campagne présidentielle. « J’ai voté pour Macron en 2017 et comme je perçois encore officiellement mon salaire en France, je suis très attentif au déroulement de la campagne » nous explique-t-il.
« Je vis en Espagne, mais la France reste mon pays » ajoute Mehdi qui se connecte chaque jour à l’actualité française via les médias nationaux. Il se prépare d’ailleurs à rentrer définitivement à Paris après la fin de sa mission barcelonaise dans les nouvelles technologies.
Mickaël
En cette période de campagne plus que d’habitude, impossible pour ces Français de Barcelone de ne pas comparer la politique entre la France et l’Espagne. « J’admire le paradigme espagnol » s’enchante Mehdi avant d’égrainer les réformes du gouvernement Socialo-Podemos de Pedro Sanchez. « Test sur la semaine de travail de 4 jours, progressisme sur les égalités hommes-femmes, alignement du congé paternité, la France devrait prendre exemple sur l’Espagne » explique le Parisien avant de glisser « même pour la crise sanitaire, ça va mieux, avec la volonté espagnole de grippaliser le Covid« .
Mickaël est plus nuancé : « la protection sociale française est largement supérieure à l’espagnole, mais ce que j’aime ici c’est que l’on se sent plus en sécurité qu’à Paris. La justice est moins laxiste avec les délinquants ».
En avril, Amandine, Medhi et Yohann voteront depuis Barcelone grâce aux urnes et bureaux installés par le consulat. D’autres, comme Mickaël, utiliseront le système de la procuration. Mais « mes parents sont plutôt de gauche, alors si je vote Macron, j’espère qu’ils mettront le bon bulletin! » glisse en riant le Barcelonais d’adoption.