Ramon Mas, propriétaire de la boîte de nuit Le Wolf à Barcelone et vice-président du syndicat des discothèques catalanes, réagit à la non-réouverture des boîtes dans la région.
Comment expliquez-vous que tous les secteurs en Catalogne peuvent rouvrir sans jauge, sauf les discothèques qui restent fermées ?
Nous ne comprenons pas la fixation que fait gouvernement de Catalogne sur la fermeture des discothèques. Nous ne comprenons pas pourquoi il faut fermer 1200 boîtes de nuit et laisser ouverts 40 000 bars sans aucune jauge. Ceci dit, nous sommes en faveur de l’ouverture des bars jusqu’à 3 heures du matin sans jauge. Par contre, nous aimerions être traités de la même manière. Nous ne comprenons pas ce « un poids, deux mesures » et cette situation d’exception dans laquelle se trouve le monde de la nuit, en Catalogne.
Même les festivals peuvent rouvrir…
Il n’y a pas d’étude qui démontre que les clusters sont dans les boîtes de nuit ou les festivals. Pas une seule fois la Generalitat ne nous a fourni une étude sur le fait que nous serions des endroits à forte contagion. Par contre, ce que l’on sait, c’est que les grands foyers de contaminations sont les établissements scolaires. Donc, comme pour les bars, nous ne comprenons pas cette différence entre les boîtes de nuit et les festivals.
Lors de la précédente réouverture, on a vu de nombreuses vidéos circuler sur les réseaux sociaux avec des clients de boîtes de nuit sans masque et même certains DJ mixant non plus sans masque. Ce genre d’images est préjudiciable pour le secteur ?
Nous sommes très clairs. La loi nationale demande de porter le masque, et notre personnel le porte. En ce qui concerne les clients, nous ne pouvons que faire des rappels au public sur l’obligation de porter le masque. Nous ne sommes pas des agents de police, et nous ne pouvons pas être derrière chaque personne toute la nuit pour les obliger à porter le masque. Nous considérons que les clients sont des adultes qui décident librement de ce qu’ils font avec leurs masques, et au final c’est leur responsabilité. C’est une responsabilité individuelle d’obéir ou non à cette norme légale. Nous avons expliqué au gouvernement que faire appliquer cette norme est très difficile, comme c’est très difficile pour la police de la faire appliquer sur la voie publique.
Une polémique a éclaté autour des boîtes de la plage de Barcelone qui utilisent leurs licences de restauration pour monter des soirées type discothèque, malgré la fermeture légale. C’est un comportement qui nuit à toute la profession ?
Sur ce sujet, nous ne ne faisons pas de déclarations. Chaque entreprise à son propre système opératif. Nous sommes en contact avec tous les entrepreneurs pour insister sur le fait qu’il faut essayer de faire appliquer les règles en vigueur. Pour l’affaire du front de mer, ce n’est pas notre rôle de commenter publiquement le choix de ces discothèques.
Comment voyez-vous l’avenir et quel est l’état d’esprit des DJ, serveurs et vigiles de sécurité ?
En ce qui concerne l’avenir, pour le moment notre objectif est de tenter d’avoir l’autorisation du gouvernement d’ouvrir le 11 février, sans jauge ni limitation horaire et avec la possibilité d’utiliser la piste de danse. Nous voulons que la réouverture ne soit pas seulement pour deux semaines, mais que nous restions ouverts tout au long de l’année.
Depuis le début de la pandémie, nous avons subi 600 jours de fermeture. Le moral des équipes est très bas, et nous devons les encourager pour que tout puisse fonctionner à nouveau normalement. Nous gardons la foi en notre travail, mais nous ressentons un mélange d’espoir et de tristesse. D’espoir, car nous voulons rouvrir, mais de tristesse car le Ministère de la Santé nous a bien dit que nous serions toujours les premiers à fermer en cas de hausse des contaminations.
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