20 novembre 2021 : 46 ans après la mort du général Franco, une dizaine de paroisses catholiques organisent des messes en la mémoire du dictateur en Espagne. Des événements religieux pas toujours légaux.
Le 20 novembre 1975 à 4 h 58 du matin, l’agence Europa Press envoie un communiqué annonçant la mort de Franco. 2 minutes plus tard, l’annonce fut faite sur la radio publique Radio Nacional. À 6 h 05, sur les mêmes ondes, le ministre de l’information León Herrera confirmait la nouvelle. À partir de cet instant, la radio diffusera une messe de requiem en boucle, « Libera me domine de morte aeterna ». Le lendemain, la cathédrale de Valladolid est pleine à craquer, remplie de tous les pontes du régime, pour la première messe présentielle en hommage à Franco.
Durant la dictature, le catholicisme était la religion d’État en Espagne. Franco, fervent croyant, pensait gouverner le pays au nom du Christ, remplissant ainsi une mission divine. C’est oublier un peu vite que Jésus, selon les Évangiles, n’a jamais fait de politique et a invité ses disciples à en faire de même. À ceux qui voulaient que Jésus renverse politiquement le gouvernement romain, alors colonisateur de la nation juive, le Christ a adressé la célèbre maxime : « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu« .
En 2021, encore des messes à la gloire de Franco en Espagne
Pourtant, 46 ans plus tard, les plus irréductibles des franquistes continuent à organiser des messes à la mémoire du dictateur. L’église Santiago el Mayor de Zaragoza, des paroisses en Andalousie, à Ceuta, Zamora, Albacete et la congrégation religieuse de la Valle de los Caídos organisent pour cette journée des événements commémoratifs autour du général. La famille Franco organisera sa propre messe dans une église de Madrid.
Des messes qui ne sont pas toujours en accord avec les lois de mémoire historique approuvées par les régions espagnoles. Une congrégation située à Alicante, dans le pays valencien, a dû reculer après des avertissements du conseil régional.
Une messe qui portait le titre de « Tombés pour Dieu et pour l’Espagne » a été annulée, car les organisateurs risquaient de recevoir une amende de 12 000 euros en raison d’un délit « d »apologie de la dictature et d’attentat contre la dignité des victimes ». « Les associations d’extrême-droite à l’origine du rassemblement, en plus des chapelets, avaient prévu de ressortir des drapeaux franquistes et autres ornements de la dictature.