Selon le recensement municipal du 1er janvier 2021, la population de Barcelone a diminué de 0,4 %, une légère baisse qui pourrait se poursuivre, tant le nombre de Barcelonais envisageant de quitter la ville s’accroît. Retour sur un phénomène motivé par une qualité de vie qui se détériore au cœur de la cité comtale.
Moins de 6.200 personnes en un an à Barcelone. Un nombre dérisoire comparé aux 1.660.314 habitants de la ville qui cache, néanmoins, un mal-être naissant chez certains Barcelonais. « Quand j’ai emménagé à Barcelone en 2006, j’appréciais énormément la douceur de vie » se remémore la Nantaise Laëtitia, 42 ans, commerciale pour une succursale française. « À mon sens, cette légèreté se perd, par exemple en 2017 les tensions liées à la question de l’indépendance ont rendu la vie ici assez stressante », déplore-t-elle.
Et pour cause, le nombre de manifestations a augmenté de manière exponentielle suite au référendum avorté du 1er octobre 2017, mais aussi après le verdict de la Cour suprême espagnole, en 2019, à l’encontre des dirigeants indépendantistes responsables, deux ans plus tôt, de la tentative de sécession catalane. « Ce climat politique tendu était devenu très pesant. Cela s’est relativement calmé mais, récemment, j’ai remarqué une augmentation de l’insécurité qui n’était pas présente il y a 15 ans. » Des manifestations à répétition et une insécurité qui ont motivé son désir de quitter la capitale catalane à la fin du mois.
À Barcelone, une insécurité croissante
« On a volé mon sac sur la plage de la Barceloneta en juin dernier. Je suis partie me baigner, j’ai tourné la tête deux secondes et en revenant, mon sac avait disparu » raconte Marine, 28 ans, expatriée à Barcelone depuis 10 mois. Elle est loin d’être un cas isolé. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur espagnol, au cours du premier trimestre 2019, soit de janvier à mars, 26.836 vols ont eu lieu à Barcelone, soit plus qu’à la même période l’année d’avant, où l’on comptait 24.562 vols déclarés.
En 2020, suite à la pandémie, le nombre de rackets a chuté à Barcelone, mais depuis la fin des restrictions les plages et autres zones prisées par les touristes et habitants redeviennent le terrain de chasse des pickpockets. Pour Marine, cette mésaventure a alimenté une volonté de se projeter ailleurs. « J’apprécie énormément Barcelone, mais vivre en faisant toujours attention à tout, cela finit par être embêtant. Je n’exclus pas de quitter la ville. »
Pollution et manque de verdure
« La vie dans une grande métropole ne me convenait plus » confie Maxence, originaire de la région lyonnaise. « Parfois, le trop plein de bâtiments, de voitures et les nuisances sonores qui en découlent rendaient mon quotidien stressant. Heureusement que la côte dispose de belles plages, mais, pour moi, le manque de parcs au sein de la ville commençait à me peser et j’ai fini par quitter Barcelone » avoue-t-il.
Bien que la cité comtale possède plusieurs parcs et jardins bien connus, comme Ciutadella, Pedralbles ou Mossèn Costa i Llobera, la ville n’en aurait pas assez. « Barcelone a un déficit de verdure » expliquait Montse Rivero, ancienne adjointe à l’Institut Municipal des Parcs et des Jardins, au quotidien La Vanguardia. La ville possède 7 mètres carrés de verdure par habitant, ce qui est bien en dessous de la moyenne recommandée par l’OMS (entre 15 et 20).
Ce manque d’espaces verts causerait 1000 morts chaque année dans l’aire urbaine de Barcelone selon le chiffre rendu public par l’Institut de santé globale de Barcelone. Pour y remédier, la municipalité envisage de créer 19 hectares d’espaces verts d’ici 2023 à travers le Plan Nature (Pla Natura) qui s’étendra de 2021 à 2030. Les principaux objectifs visent à verdir la capitale catalane et à protéger sa biodiversité.
Entre pollution et insécurité croissante, l’attrait de capitale catalane s’étiole progressivement, et ses habitants, notamment des expatriés Français, n’hésitent pas à troquer l’effervescence de la grande ville de Barcelone pour une vie paisible à la campagne ou en bord de mer en Catalogne.