La péninsule ibérique redémarre plus vite que prévu, grâce à une reprise enthousiaste de la consommation et du tourisme. Le pays devrait terminer l’année avec une croissance à 6,5%.
Photos : Noémie de Bellaigue
« Il n’y a pas de précédent dans notre histoire économique récente d’une reprise aussi rapide« , indiquait fin septembre la ministre de l’économie Nadia Calviño. Tous les indicateurs sont dans le vert, et en particulier pour les trois piliers de l’économie espagnole : la consommation, le tourisme et les investissements.
Quiconque vit en Espagne n’a pu échapper à l’enthousiasme vécu dès les beaux jours du printemps et l’ouverture des terrasses de bars ou restaurants. Puis au premier jour de l’été, le masque a cessé d’être obligatoire et la plupart des restrictions ont pris fin à travers le pays. Même avec peu de touristes, les restaurants de Barcelone affichaient complets et les stations balnéaires de la côte voyaient affluer des milliers de citadins en quête d’air pur.
« Les gens ont envie de sortir, de se retrouver entre amis, de profiter, nous avons beaucoup plus de locaux que les autres années » expliquait alors à Equinox Felipe Pardo, parton de la Taberna Iberia à la Barceloneta. Envie de sortir mais aussi de consommer. L’indice de confiance du consommateur, calculé par le Centre d’Etudes Sociologiques espagnol (CIS, équivalent de l’INSEE), a grimpé dès juin dernier à près de 98 points, du jamais vu depuis la pandémie et deux fois plus qu’en septembre 2020. « Nous nous attendons à des chiffres historiques pour Noël, si aucun rebond de la pandémie ne vient stopper la dynamique actuelle » assure Carlos Perez, président de l’association de restaurateurs Marcas de Restauración.
Le secteur touristique de Barcelone à la traîne
Le gouvernement espagnol table sur une croissance de 6.5% en 2021 et 7% en 2022. Des projections « prudentes », selon Nadia Calviño, pour qui « tous les indicateurs » confirment « que la reprise économique est en marche ». La Banque d’Espagne a publié des prévisions équivalentes (6,8%), d’ailleurs récemment revues à la hausse dans un contexte de forte « progression de la vaccination ». Début octobre, plus de 77% des Espagnols étaient vaccinés.
Pour le secteur touristique, le panorama est plus contrasté, avec des destinations rurales qui ont battu tous les records cet été et des zones urbaines qui reprennent plus lentement. Ainsi la Costa Brava, la Galice et les Asturies ont vu tous leurs hébergements complets durant trois mois, tandis que Barcelone a certes augmenté de 184% son nombre de touristes par rapport à l’été 2021, mais n’est qu’à 60% de ses chiffres de 2019.
Arturo Soler, directeur d’un hôtel 4 étoiles à Poblenou, a vu son taux d’occupation osciller entre 40 et 50% entre juin et septembre. Il a ainsi pu réintégrer tous ses employés en CDI, certains étant encore en chômage partiel, mais pas encore les CDD occasionnels. « Tant que Barcelone n’aura pas récupéré le tourisme international et le tourisme d’affaires, avec les congrès, salons, nous ne retrouverons pas les niveaux d’avant » explique le dynamique quinquagénaire. Le secteur estime que le taux d’occupation continuera d’augmenter lentement au cours des prochains mois et s’attend à « un retour à la normalité » au printemps prochain.