Depuis un an, le roi émérite Juan Carlos s’est exilé aux Émirats arabes unis. En Espagne, les dossiers judiciaires continuent de s’accumuler contre l’ancien chef de l’État.
7 419 kilomètres séparent Madrid des Émirats arabes unis. Pourtant, Juan Carlos est bien présent dans le jeu politique espagnol. Si la droite soutient sans réserve le roi émérite, les socialistes au pouvoir, face aux critiques de Podemos et des indépendantistes basques et catalans, sont dans une position délicate. Le PS espagnol est « monarchie-friendly » sans pour autant condamner le régime républicain.
Si la monarchie s’affaisse sous le poids de la corruption de Juan Carlos, la position du Premier ministre espagnol va devenir intenable. Pour régulariser ses dettes envers le fisc, le monarque a réalisé deux virements : 678.394 euros en décembre 2020 et surtout 4,395 millions en février dernier. Des sommes élevées qui pourtant ne soldent pas les comptes entre l’ancien roi et l’Espagne.
Vendredi, le parquet a remis un dossier accablant contre Juan Carlos comprenant les charges de « blanchiment, fraude fiscale, trafic d’influence et corruption ». Les malversations supposées ont eu lieu au cours de transactions avec des entreprises internationales Pour l’instant, c’est un rapport préliminaire du parquet, qui n’a pas encore indiqué s’il allait poursuivre le roi émérite devant la justice. C’est la seconde salle du Tribunal Suprême qui sera en charge de l’affaire en raison de l’immunité que détient encore Juan Carlos.
Une réforme pour préserver la monarchie
Pour éviter une dégradation au point de non retour de l’institution monarchique, le gouvernement demande à l’actuel roi Felipe VI d’annoncer des mesures de transparence. L’idée de Pedro Sanchez : faire passer le message que Juan Carlos est corrompu, mais que la Monarchie dans son ensemble est « clean ».
A priori, c’est une stratégie qui fonctionne : seuls 3 Espagnols sur 10 sont favorables à un changement de régime vers une république. Principalement les votants indépendantistes catalans, les régionalistes basques et la gauche radicale de Podemos. Du coup, le chef d’Etat Felipe VI traîne des pieds pour mettre en place les réformes de la gestion de la Maison Royale que demande le gouvernement.
Par ailleurs, l’exécutif aimerait que Juan Carlos rentre au pays pour mettre fin à l’argument de l’évasion fiscale. Âgé de 83 ans, le roi émérite argue des problèmes de santé pour ne pas revenir en Espagne. Publiquement, Pedro Sanchez a jugé « préoccupantes » les informations sur la corruption de l’ancien chef de l’État.