Le destin des indépendantistes catalans

Les indépendantistes catalans, après 11 années enfiévrées, sont à la croisée des chemins politiques. Entre collaboration avec Madrid ou retour à un improbable unilatéralisme . 

Carles Puigdemont et Oriol Junqueras, respectivement président et vice-président de la Catalogne lors de la déclaration d’indépendance, restent d’excellentes têtes d’affiches médiatiques mais perdent du poids politique chaque jour qui passe. L’actuel locataire du Palau de la Generalitat, Pere Aragonès, s’affranchit à la fois de celui qui voulait occuper le rôle de « président légitime » Carles Puigdemont et de son parrain politique Oriol Junqueras. Certes ce dernier est président du parti de gauche Esquera Republicana, mais le jeune Aragonès du haut de ses 38 ans a réussi à gouverner sans aucune tutelle.

Bourgeois et pragmatique ce dernier n’est nullement adepte de la révolution. Aragonès a dressé, diplomatiquement et en douceur, un cordon entre les radicaux indépendantistes et les cabinets ministériels, centres du pouvoir catalan. Depuis 10 ans, c’est la première fois que les couloirs du Palau de la Generalitat ne bruissent pas de projets séparatistes. Les relations avec le pouvoir socialiste espagnol, sans être idylliques, sont suffisamment correctes pour gérer les affaires courantes sans coups d’éclat.

Le pétard mouillé d’une déclaration d’indépendance imminente

Le camp Puigdemont, plus indépendantiste radical dans la forme, est représenté par Jordi Puigneró,. Cet été, l’actuel  vice-président de la Generalitat, dans un pur style Puigdmontiste, a menacé vertement l’Espagne de déclarer unilatéralement l’indépendance. Dans le cas oú le gouvernement espagnol n’autorise pas la Catalogne à organiser un nouveau référendum souverainiste. Un pétard mouillé : aujourd’hui le camp Puigdemont n’a ni la force politique, ni la dynamique pour imposer une déclaration d’indépendance. En revanche, la sortie de Puigneró a pressurisé Esquera Republicana, défenseur du concept référendaire. Malgré les demandes répétées d’Aragonès, le Premier ministre espagnol et son gouvernent ont répondu sur tous les tons qu’il n’y aurait jamais ce type de référendum en Espagne. La Generalitat et l’Etat espagnol se retrouveront autour d’une table ronde au cours du mois pour discuter du futur. Madrid impose l’ordre du jour : financement et compétences régionales au menu, mais pas d’indépendance.

Une manifestation du 11 septembre nostalgique

Une impasse qui sera au cœur des traditionnels défilés politique du 11 septembre pour la fête nationale catalane. Le noyau dur descendra dans la rue pour réclamer l’indépendance la plus rapide possible. Mais entre les mesures sanitaires liées à la pandémie, les divisions politiques entre Esquerra et les amis de Puigdemont et une certaine fatigue après 10 ans de mobilisation, le défilé politique risque d’être moins massif que lors des éditions précédentes.

Pour galvaniser les troupes, l’association Asemblea, organisatrice des festivités a choisi  un parcours hautement symbolique : de la Plaça Urquinaona, théâtre des émeutes indépendantistes de 2019 jusqu’au Parlement de Catalogne dans lequel s’est déroulé la déclaration d’indépendance de 2017. Un parcours, au milieu de la chute des feuilles automnales, qui pourrait sentir la nostalgie plus que le futur .

 

 

 

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