Tous les mois, le libraire Christian Vigne (librairie française de Barcelone Jaimes) nous livre les dernières nouveautés littéraires.
On disait à mon époque dont j’abstiens tout le monde de préciser qu’elle est révolue, d’une parce qu’elle l’est en effet et que par conséquent je me fais un devoir d’éviter la prolifération d’inutiles ironies, de deux, pour en rajouter, parce qu’elle est révolue, hélas. On disait donc qu’entrer chez Gallimard c’était entrer en littérature. On devait parler de Proust, de Yourcenar, de Malraux, que sais-je. La formule en jetait comme on dit, je me souviens de Serge Gainsbourg l’utilisant chez Pivot à l’occasion de la sortie d’un livre justement publié par tel éditeur.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Ma foi je n’en sais rien.
Dans ces conditions il me paraît dès lors légitime de permettre quelques traits d’esprit autour du radotage récusé en premier paragraphe car se poser une question sans en avoir la réponse devrait s’assimiler à se tirer une balle dans le pied ou, moins douloureusement mais tout aussi gênant, se présenter nu comme un vers à un diner de gala de l’école polytechnique.
Cette longuette introduction pour arriver enfin à vous parler de mes deux livres préférés de la rentrée.
« Rien ne t’appartient » de Nathacha Appanah, je vous remercie de ne pas me demander de préciser qui en est l’éditeur, ce serait vexant à la fin.
J’ai une tendresse particulière pour Nathacha Appanah. J’imagine les longs moments de silence précédant son écriture, cette infiltration de l’univers de ses personnages, la lente construction de leur histoire et de leur vie. Il ne me semble pas possible qu’elle ne devienne pas à un moment ou à un autre les personnes qu’elle invente. Dans ce dernier roman, Tara qui ne s’est pas toujours appelée ainsi, revient, la solitude et la peine aidant après la mort de son mari, sur ce qu’elle a été, sur l’enfance. On revient toujours à l’enfance avec Nathacha Appanah et à partir de là la question est d’aller au bout de soi-même.
François- Henri Désérable nous propose « Mon maître et mon vainqueur ». Le narrateur, convoqué chez un juge d’instruction se voit sommé de raconter Vasco. Vasco, son ami, celui à qui il a présenté Tina, pariant du reste qu’ils ne se plairaient pas, mais si finalement. Ce qui reste de leur histoire ? Un revolver, un cahier, quelques résidus de poudre sur les mains de Vasco. Et l’histoire commence.
Désérable est un cas dans le monde littéraire contemporain. De l’intelligence, une énergie narrative étonnante, prenante. Un cas tout à fait à part d’écrivain qui renoue avec l’idée que ce qui fait un écrivain, c’est son style.
Club de Lecture français à Barcelone
« Le quai de Ouistreham » éditions Points. Florence AUBENAS s’inscrit au chômage, sans révéler la journaliste qu’elle est. Elle devient donc agent de propreté dans des entreprises. Ce qu’elle nous propose, c’est une plongée dans le monde de la précarité. On ne parle pas d’emploi mais d’ « heures ». Nadége nous propose de parler de cette expérience le 30 septembre dans le cadre du club de lecteur « Jaimes le noir » à 12h ou à 19h.
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