Malgré un plan approuvé en 2018 pour la restauration et sa modernisation, les bâtiments historiques du parc de la Ciutadella de Barcelone, imaginés pour l’Exposition universelle, tombent en ruines.
Photos : Clémentine Laurent/Equinox
En 1888, c’était un fabuleux parc aux inspirations classiques et modernistes qui vendait la splendeur de Barcelone aux yeux du monde. Mais aujourd’hui, plus de cent trente ans après l’Exposition universelle qui l’a vue naître, la Ciutadella n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les magnifiques bâtiments qu’étaient l’Hivernacle, l’Umbracle, le musée Martorell et le Castell dels Tres Dragons sont tombés en désuétude, en ruines, habités par les herbes folles et les marginaux.
Ces édifices sont reconnus par la mairie comme biens culturels d’intérêt local, ce qui rend leur entretien et leur démolition interdite.
Mais dans les faits, seul le musée Martorell entrevoit un avenir plus radieux : après dix ans de fermeture, il va enfin être restauré en automne 2021 et pourra accueillir de nouveau le public.
Un plan au point mort depuis 2018
Le parc de la Ciutadella, qui doit son nom à l’ancienne citadelle construire en 1715 pour défendre Barcelone, n’est pourtant pas oublié des politiques : lors des élections municipales, chaque candidat possédait son propre plan pour restaurer et moderniser le parc.
Le plan d’Ada Colau d’ouvrir la Ciutadella à la mer (plan Abrimos la Ciutadella), mis sur les rails en mai 2018, était séduisant : faire tomber les barrières du parc et le faire rejoindre la plage, un peu à l’image des jardins du Turia à Valencia qui contournent la vieille ville et se « jettent » dans la Méditerranée.Et qui de mieux placé pour dessiner les plans de la nouvelle Ciutadella que les premiers concernés ? Une commission a donc été formée, constituée des habitants et institutions des quartiers adjacents et des partis politiques. Mais voilà, la tâche n’est pas simple : des obstacles se dressent sur le chemin du parc, et pas des moindres.
Pour que le parc de la Ciutadella rejoigne la mer, il lui faut traverser le zoo, le Passeig de Circumvaŀlació, les voies ferrées de l’Estació de França, la Ronda litoral et le parc de la Barceloneta. Et la mairie refuse d’enjamber ces obstacles avec des passerelles ; elle propose plutôt de rendre le zoo « perméable », une proposition qui en rend perplexe plus d’un, sachant qu’il manque déjà de place.
Mais la troisième adjointe à la maire et responsable politique du zoo, Laia Bonet, assurait à El País à propos du zoo : « Nous avons un nouveau modèle et nous destinerons 60 millions d’euros à partir de maintenant et jusqu’en 2031 pour le transformer », notamment en faisant tomber ses murs.
En ce qui concerne le Passeig de Circumvaŀlació, la mairie l’imagine en espace vert, ce qui supposerait la déviation de la circulation.
Rien de nouveau sous le soleil de Barcelone
Mais dans ces beaux projets, énoncés il y a trois ans, rien n’est encore vraiment concret ; Ada Colau avait assuré que le projet d’ouverture de la Ciutadella serait rédigé avant les élections de 2019, et aujourd’hui la mairie réaffirme à Equinox son « objectif de mener à terme toute les initiatives de son plan avant la fin du mandat », en 2023.
Il existe bien un projet concernant la Ciutadella qui ait avancé depuis son lancement : la « Ciutadella del Coneixement », un « plan de reconversion des équipements et activités qui permette la connexion avec le front de mer » selon la mairie, et transforme la Ciutadella en un pôle international des sciences et de la recherche. Le feu vert a d’ailleurs été donné récemment pour installer un complexe scientifique dans l’Antic Mercat del Peix, aujourd’hui parking du zoo.
Mais pour le reste des bâtiments du parc, plus que centenaires, aucune rénovation n’est réellement prévue dans l’immédiat, à part pour le musée Martorell. La mairie insiste sur les récentes restaurations de la plaza Prim et de la plaza de Armas, et déclare à Equinox qu’ont été approuvés deux projets de réhabilitation des chemins et espaces verts du parc et de rénovation de l’Hivernacle… « à exécuter lorsque le budget le permettra ».
Or, dans un « contexte actuel de budgets compliqués dont souffrent toutes les administrations », comme le décrivait Janet Sanz en septembre 2020 à El Periódico, le parc de la Ciutadella pourrait bien attendre encore de longues années avant de se refaire une beauté.