Espagne : Entre la droite et l’extrême droite, de l’eau dans le gaz

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La tension monte entre la droite et l’extrême droite en Espagne et pourrait se solder par la chute de conseils régionaux. 

Santiago Abascal, président de Vox est déclaré persona non grata par la ville de Ceuta. L’enclave espagnole en Afrique a vertement blâmé le chef de l’extrême droite espagnole pour être venu jeter de l’huile sur le feu dans la ville, après que des migrants marocains aient franchi illégalement la frontière en mai dernier.

En moins de 24 heures, entre 8000 et 10.000 personnes sont arrivées illégalement à Ceuta depuis le Maroc. Beaucoup à la nage, d’autres ont pris d’assaut la frontière terrestre. C’est un chiffre inédit, qui a vite affolé l’Espagne. La frontière entre Ceuta et le Maroc est généralement contrôlée par les polices de deux pays. Mais le Maroc n’a pas apprécié que l’Espagne accepte de soigner le leader des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, dans un hôpital de Logroño. Le Front Polisario réclame l’indépendance du Sahara occidental et s’oppose au régime de Rabat. « Les actes ont des conséquences » a reconnu l’ambassadrice du Maroc à Madrid. Pour répondre à l’affront, le Maroc a décidé de relâcher sa vigilance à la frontière, et de nombreux migrants ont pu passer sans être inquiétés. La nouvelle s’est vite répandue sur les réseaux sociaux et des milliers de Marocains en quête d’une meilleure vie en Europe ont profité de la brèche.

Récupération politique de l’extrême droite

Comme à son habitude, Vox a récupéré l’affaire en se déplaçant in situ pour lancer d’incendiaires messages populistes. Car, l’arrivée des migrants est aussi un drame humanitaire. Le gouvernement de l’île, une coalition entre le Partido Popular (droite parlementaire – PP) et la gauche, n’a pas apprécié le discours d’Abascal.

Lors du vote parlementaire régional de la motion contre Vox cette semaine, le Partido Popular s’est abstenu, et a permis que Santiago Abascal devienne persona non grata sur l’île.

Un geste des conservateurs que n’a pas apprécié le « Marine Le Pen » espagnol et menace de renverser la table dans tous les exécutifs locaux où le PP et Vox gouvernent main dans la main. Car la rivalité entre la droite et l’extrême droite à Ceuta est une exception en Espagne. Dans le reste du pays, il n’y a pas de cordon sanitaire entre la droite et son extrême.

Des gouvernements régionaux en danger

A commencer par Madrid. Dans la capitale et sa région, le Partido Popular détient le pouvoir grâce aux votes de Vox. Même scénario dans les conseils régionaux d’Andalousie et Murcia. Dans le sud andalous, des élections régionales anticipées sont imminentes et les stratèges du Partido Popular accusent Vox de faire monter la sauce, car le parti d’extrême droite est en panne dans les sondages.

Dans la région de Murcia, la situation est très tendue et pourrait également déboucher sur un scrutin anticipé si l’alliance des droites se rompt.

En Espagne, les mairies gouvernées par la droite et Vox sont légion : la capitale Madrid ; Teruel, Zaragoza en Aragon ;  Badajoz et Navalmoral en Extremadura ; Santander en Cantabrie ; Málaga, Córdoba, El Ejido, Roquetas de Mar, Adra, Algeciras, Nerja, Santa Pola et Huércal en Andalousie ; Pozuelo de Alcorcón, Majadahonda, Collado Villalba et Las Rozas dans la région de Madrid.

A droite en Espagne, la rentrée politique sera agitée.

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