Barcelone, pourquoi deviens-tu si laide ?

Arbres plantés dans des pots posés au beau milieu de la rue, terrasses montées entre poubelles et voies rapides, pistes cyclables anarchiques, forêt de béton, petits carrés d’herbes engrillagés : Barcelone n’est pas au top de sa beauté depuis quelques années. Osons l’écrire : la ville s’enlaidit.

Photos : Clementine Laurent

L’une des premières causes de ce phénomène réside dans la forte densité de la capitale catalane. Avec 16.576 habitants au kilomètre carré (sans compter les touristes), Barcelone est plus saturée que New-York (10.194 habitants/km2), Londres (5667 habitants/km2) ou Berlin (4203 habitants/km2). Face au trop plein de population, la mairie a développé la tendance de grillager ses espaces verts, de crainte qu’ils ne succombent face à tant de pieds les foulant.

Si la surface de Barcelone est bondée, les sous-sols ne le sont pas moins. La mairie laisse les arbres en pots car il est impossible de les planter dans le sol de rues comme Provença (face à la Sagrada Familia) ou à Glories entre le métro et la Torre Agbar. Le sous-sol de la ville est saturé par le métro, les trains, les parkings, les câbles électriques et les canalisations d’eau, tous ces éléments empêchant la nature d’exercer ses droits et les arbres de pousser. Si le sol ne peut plus donner naissance à la végétation, la mairie ambitionne de développer des murs végétalisés, avec des plantes poussant à la verticale.

« Les terrasses de Barcelone ne sont clairement pas à la hauteur de l’image de la ville. En tous cas pour le moment. Les équipes d’Ada Colau ont ouvert de nombreux concours publics imaginant les terrasses de demain : fleurs, accès pour les handicapés, en harmonie avec l’environnement, les espaces du futur seront agréables promet la mairie. En attendant, c’est la nausée en observant certaines tables et chaises coincées entre les pots d’échappements et les conteneurs à poubelles. Les choses sont allées très vite pour offrir des endroits garantissant les normes sanitaires du Covid. Quitte à sacrifier une certaine beauté des rues.

La même dynamique s’opère pour les pistes cyclables. En plus d’être laides, elles sont dangereuses, car souvent le bout d’asphalte est partagé entre usagers vidant leurs poubelles dans les conteneurs et les cyclistes. Ce n’est pas facile de dessiner un plan urbanistique quand il y a trois vitesses sur le même espace : les piétons, les vélos et les voitures.

Si Barcelone souffre d’une densité élevée d’habitants, c’est la même chose pour la circulation. Sur la rue Arago, ce sont 85.635 véhicules qui défilent chaque jour.

En revanche, Barcelone, en état d’urgence climatique décrété par la mairie, tente de limiter les véhicules à moteur de la ville, et c’est une bonne chose.

Réduction d’une voie de circulation sur la fameuse Carrer Arago, limitation du trafic routier sur le périphérique de la Meridiana, c’est maintenant la Via Laietana qui est redessinée pour offrir plus de places aux piétons et aux vélos.

Projet de la nouvelle Via Laietana

La ville est victime de son succès, et la gestion de l’urbanisme sera l’un des grands thèmes de l’élection municipale de 2023. Barcelone attend de trouver le maire qui saura lui refaire une beauté.

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