Mouettes et goélands, un fléau pour Barcelone ?

Les goélands prolifèrent dans Barcelone depuis quelques années, faisant craindre une augmentation des attaques et même un risque sanitaire par leurs déjections. Mais y a-t-il vraiment lieu de s’inquiéter ? Éléments de réponse. 

On pourrait presque dire qu’ils règnent sur Barcelone. Les goélands, que l’on confond souvent avec les mouettes, sont partout. Ils se nourrissent dans les ordures, salissent des bancs publics et occupent même parfois les toits-terrasses en nichant. La mairie a compté pas moins de 175 incidents liés aux goélands l’année dernière. Pour certains, ils sont devenus un véritable problème depuis quelques années, surtout car leur population augmente.

Mouettes ou goélands ?

Il faut rappeler que mouettes et goélands ne sont pas le même oiseau, bien qu’on les confonde souvent. D’ailleurs, en espagnol, le mot ‘gaviota’ désigne les deux ; il est donc facile de se tromper. Mais si les deux volatiles appartiennent à la même famille (les Laridés), ils se distinguent par des caractéristiques physiques : parmi les oiseaux marins présents à Barcelone, la mouette la plus commune (mouette rieuse) est plus petite et a le bec et les pattes rouges.

Les goélands, en revanche, sont bien plus imposants. Il en existe plusieurs espèces à Barcelone, mais ce sont les goélands leucophée, aux pattes et au bec jaunes, que l’on croise le plus. Autrement dit, les mouettes n’y sont pour rien.

Pourquoi y a-t-il plus de goélands qu’avant à Barcelone ?

C’est indubitable, leur nombre augmente. « Il y a au moins une centaine de couples à Barcelone, ce ne sont pas des chiffres normaux », reconnaît Raül Ramos García, professeur agrégé à l’Université de Barcelone. Selon ce spécialiste des oiseaux marins, les goélands leucophée sont arrivés en masse à Barcelone très récemment, il y a environ cinq ans, car ils trouvent ici plus de nourriture et presque aucun prédateur. « Ils se nourrissent dans les dépotoirs, les poubelles, les champs, mais aussi de rats ou de pigeons et de ce que les humains leur donnent. »

Les goélands sont-ils dangereux pour l’Homme ?

Si l’on parle des attaques, qui peuvent arriver lorsqu’on dérange un goéland qui niche sur une terrasse par exemple, on ne peut pas nier l’agressivité de l’animal. « Mais cela se résume à la période allant d’avril à juillet », modère le spécialiste.

En revanche, les déjections des goélands ne présentent pas plus de risque sanitaire que celles d’un autre oiseau. « Tous les animaux sont porteurs de pathogènes. Bien sûr, les goélands sont porteurs de certaines bactéries comme la salmonelle car ils se nourrissent dans les ordures », relève Raül Ramos García. « Mais de là à en tomber malade, c’est le même risque avec un pigeon ou un autre animal. » La mairie affirme d’ailleurs n’avoir recensé aucun cas de transmission de maladie infectieuse entre un goéland et un humain.

Les goélands sont-ils dangereux pour l’environnement ?

La présence massive des goélands met parfois la biodiversité en danger, comme dans le parc naturel du Peñón de Ifach (Communauté de Valence). Mais pour le professeur, ce n’est pas le cas à Barcelone, notamment parce que la faune et la flore n’y sont pas très diverses.

Un goéland sur la Rambla. Photo : Edu Bayer

Au final, le spécialiste des oiseaux marins et la mairie tombent d’accord : les goélands, même nombreux, ne sont pas un fléau à Barcelone.

Comment limiter la prolifération des goélands à Barcelone ?

Si un incident avec un goéland se produit, il est possible de contacter la mairie (par téléhone au 010, dans une Oficina de atención de la ciudadanía ou en ligne ici) pour le recenser et agir si nécessaire. « Si un nid sur une terrasse dérange, on peut aussi appeler le Servei de fauna i flora pour qu’il soit retiré avant que les œufs n’éclosent », propose Raül Ramos García.

Pour les éloigner des terrasses, certains installent des statues d’aigle ou de hibou, prédateurs naturels du goéland. « Mais ce n’est pas très utile, les goélands sont beaucoup plus intelligents qu’on ne le pense », sourit le professeur à l’Université de Barcelone.

La véritable solution serait selon lui une meilleure gestion des déchets. « Des dispositifs pour les effrayer ou les capturer ne seraient pas efficaces. Il faudrait qu’ils trouvent moins de nourriture ici : mieux gérer les ordures, ne pas leur donner à manger… » Car au final, si les goélands sont si nombreux à Barcelone, c’est aussi à cause de l’Homme.

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