Allier leur passion pour la gastronomie et leur engagement social et écologique, c’était le pari un peu fou que Noé et Corinna ont décidé de faire, en 2019. Et dans quelques semaines, leur projet prendra vie : dans leurs cuisines du Clot, les fondateurs de Terra social food et leurs bénévoles mitonneront des petits plats pour les Barcelonais ET pour des sans-abris.
« Concrètement, n’importe qui pourra commander et se faire livrer un menu sur notre site internet ou sur Glovo, et toutes les cinq commandes, on cuisine un menu entrée-plat-dessert qui sera distribué à un SDF à Barcelone par la fondation Social Fooding et le groupe Esperança », précise Noé Moulin, à l’origine du projet. Ce sont donc les clients qui « financent » les repas distribués ensuite aux sans-abris en commandant leur plat, mais le fondateur insiste : « C’est un projet sans but lucratif. Les bénéfices serviront à nous verser un salaire, à ma femme et à moi, à acheter les ingrédients, et le reste ira à des actions sociales ou contre le gaspillage alimentaire. »
Cuisine gourmande mais éthique à Barcelone
Pour le couple belgo-allemand, installé à Barcelone depuis plus de dix ans, la gastronomie a toujours fait partie de leur vie mais c’est la première fois qu’ils se lancent dans la cuisine de manière professionnelle. Les deux traducteurs ont cessé leurs activités pour se dédier entièrement à leur projet, alliant leur amour pour la cuisine et leurs valeurs.
« On avait besoin de faire quelque chose qui ait du sens », raconte Noé, originaire de Charleroi. « Il y a deux ans, on a pris conscience de plein de problèmes liés à la pollution, à la malnutrition des sans-abris à Barcelone, au gaspillage alimentaire, on a eu un ‘‘trop-plein’’ de capitalisme… Alors on a cherché des solutions, et on a lancé notre cuisine solidaire. »
Une campagne de crowdfunding pour commencer à cuisiner
Repas gastronomiques livrés à des sans-abris, produits frais, locaux, de saison et luttant contre le gaspillage alimentaire, emballages en matière 100 % recyclée… La cuisine coopérative Terra social food multiplie les bonnes intentions. Elle doit commencer à fonctionner début juillet, et pourra faire entre 100 et 150 menus complets par jour. Mais elle manque encore de produits de base et d’ustensiles : Corinna et Noé ont donc lancé une campagne de crowdfunding (lien disponible ici) pour financer leurs derniers achats, et il leur reste une dizaine de jours pour atteindre les 9800 € et mitonner leurs premiers plats. « Notre premier menu tournera autour de la pomme de terre : parmentiers, frites, causas péruviens, mais aussi des salades, soupes et plusieurs desserts », explique Noé, qui a travaillé dans la presse gastronomique. « On cherche à faire de la ‘comfort food’, c’est-à-dire revisiter des plats de notre enfance et les rendre plus gastronomiques, en s’inspirant de la France, de la Belgique, de l’Allemagne et de nos voyages. »