Photo : restaurant Los Caracoles (DR)
Un an après la pandémie de Covid-19, nombreux sont les secteurs touchés par la crise économique. Parmi eux, la restauration est l’un des plus meurtris. Les restaurants centenaires de Barcelone s’adaptent alors tant bien que mal pour survivre.
« La crise du Covid est sans aucun doute le coup le plus dur de l’histoire du restaurant » déplore Carlos Martínez Agut, gérant de Can Culleretes, situé à deux pas de la Rambla. Et, son cas est loin d’être isolé. Malgré leur prestige, Can Culleretes (1786), Los Caracoles (1835) ou encore 7 Portes (1836) se démènent pour faire face à la pandémie. En effet, il y a tout juste un an, l’annonce du confinement a bouleversé leur quotidien. L’arrêt forcé des activités a laissé place à de nombreuses inquiétudes : comment assurer la survie de son restaurant ? Comment appréhender le futur ? Les questions sont nombreuses et les réponses encore floues. Après avoir régalé pendant deux siècles les habitants de Barcelone et les touristes, les restrictions liées au Covid-19 ont obligé ces restaurateurs à s’adapter au plus vite pour continuer leur service.
Se renouveler pour survivre au Covid
Pour ces établissements, le confinement a été l’occasion de se réorganiser. « La fermeture forcée de Los Caracoles m’a permis de penser différemment le fonctionnement du resto avec ma famille » confie Aurora Bofarull, propriétaire du restaurant. « On a imaginé de nouvelles cartes avec moins de plats car l’effectif est très réduit, et tous sont à emporter. » Ce système de livraisons et de commandes à emporter a donné un second souffle aux restaurateurs. « Même si l’on est loin des bénéfices habituels, les plats à emporter représentent 30 % de notre chiffre d’affaires actuellement. C’est peu, mais on tient le coup avec ça. »
Du côté de Can Culleretes, le gérant a décidé de créer un site internet, lancé en juillet 2020, où les clients peuvent commander en un clic les plats typiques de l’établissement et être livré dans la foulée. « À ce jour, la boutique en ligne marche plutôt bien. Les commandes génèrent environ 2.000 € par mois » se félicite Carlos Martínez Agut.
De grandes pertes financières mais très peu d’aides
L’année 2020 aura été désastreuse en terme de chiffre d’affaires. Le gérant de Can Culleretes explique qu’en 2019 son établissement avait réalisé un bénéfice de 1,2 million d’euros, tandis que l’année suivante il atteignait tout juste les 200.000 euros. Du côte de Los Caracoles, Aurora Bofarull estime une perte de 85 % à 90 % de son chiffre d’affaires.
Malgré cette situation économique critique, les aides dans le milieu de la restauration sont quasi inexistantes. « En Espagne, le gouvernement ne nous a pas encore accordé d’aide. Dans d’autres pays, comme en Allemagne, les entreprises touchées par la crise ont pu percevoir 70 % de leur chiffre d’affaires de 2019 grâce à une aide de l’État, raconte Aurora Bofarull. Ici, le gouvernement évoque ces aides mais pour le moment, nous devons nous débrouiller seul » soupire-t-elle. Toutefois, les nombreux salariés de ces restaurants perçoivent le ERTE (chômage partiel espagnol). C’est le cas de Thierry Fournier, cuisinier à Los Caracoles. « Je suis en ERTE depuis maintenant un an, comme la majorité des salariés du restaurant » témoigne le cuisinier originaire de Toulouse. Grâce à cette aide je peux payer mon loyer et mes factures ».
Une clientèle plus locale
Les restrictions amputent également l’affluence des clients dans les restaurants. « Avant le Covid, le restaurant affichait souvent complet, on possède 250 places, explique Bofarull, désormais, 10 à 12 personnes viennent en semaine et 40 à 50 personnes le week-end. C’est insuffisant, s’inquiète la gérante de Los Caracoles, mais on remarque qu’il y a plus de locaux qui viennent. Il redécouvre le centre historique de Barcelone ». Effectivement, les touristes étant dans l’impossibilité de rejoindre la capitale catalane, les Barcelonais ont réinvesti des lieux autrefois pris d’assaut par les étrangers. « Plus de la moitié de nos clients était des touristes en 2019, se remémore Francesc Solé Parellada, gérant des 7 Portes. Maintenant, les riverains reviennent nous voir ou nous découvrent tout simplement. »
Depuis le début de la campagne de vaccination, un brin d’optimisme vient égayer l’avenir de ces restaurateurs, d’autant plus que leur établissement a une valeur historique conséquente pour la ville. « Los Caracoles est un héritage familiale sur 5 générations. Mon arrière-grand-père et grand-père ont tenu en temps de guerre, dévoile Aurora Bofarull, si le restaurant a survécu à la guerre civile, il survivra au Covid ! »