Photos: FC Barcelona
Après 11 ans d’absence, Laporta devient à nouveau président du F.C. Barcelone. 54,28% des socios du Club l’ont élu avec une participation record de plus de 55.000 socios, dont 20.000 par correspondance. Et dont Messi, qui a voté pour la première fois de sa vie de socio.
Joan Laporta devient le deuxième président du Barça le mieux élu de l’histoire avec 30.184 voix, devant Victor Font (16.679 voix/29,99%) et Antoni Freixa (4.769/8,58%). Son élection est aussi l’occasion d’un changement pour le Barça après 10 ans du tandem Rosell-Bartomeu. 5 tendances se dégagent.
1- Laporta: le retour d’un homme fort
Le F.C. Barcelone retrouve un leader capable de hausser le ton publiquement contre tout ce qui va à l’encontre des intérêts de son Club. Les socios qui ont élu le nouveau président du Barça se sentent représentés par celui qui va dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas dans les groupes de WhatsApp, quitte à casser quelques oeufs sur le thème de l’arbitrage s’il joue en leur défaveur – ou en faveur de l’adversaire, surtout s’il s’agit du Real Madrid.
L’immense toile déployée en face du Bernabeu, en plein coeur de la capitale du pays, avec la photo de Laporta et le slogan « J’ai très envie de vous revoir », a d’ailleurs fait mouche. Pour rappeler quand les footballeurs du Barça, avec lui à sa tête, mettaient des fessées – dont le mythique 2-6 en 2009 au Bernabeu – plutôt que d’en prendre. Et montrer qu’il a encore et toujours le cran de défier droit dans les yeux n’importe quel adversaire, même le plus dangereux sur ses terres. Sa célébration avec son équipe au son des cantiques chantés par les supporters, dès le résultat connu, prouve qu’il n’a rien perdu de son énergie pour emmener les socios du Club derrière lui.
Laporta est constamment sollicité pour faire des photos. Il n’a pas perdu une once de son charisme.#Barça #EleccionsFCB pic.twitter.com/rM1Z4yo6fb
— Olivier Goldstein (@GoldsteinOliv) March 7, 2021
2- Du Camp Nou à Montjuic
Le prédécesseur de Laporta avait promis un Camp Nou tout neuf cette année. Celui qui visite le stade ne verra pourtant aucune avancée. Certes, le stade de l’équipe B a été détruit et remplacé par le stade Johan Cruyff, que l’on peut apprécier en sortant de Barcelone par la Diagonale.
On est cependant loin de voir l’oeuvre désignée par le cabinet d’architecte japonais Nikken Sekkei terminée, l’équipe sortante parlait de 2024 avant la pandémie, alors que le Real Madrid avance la rénovation de son stade à marche forcée.
Pour raccourcir les délais, Laporta a annoncé pendant sa campagne que le Barça pourrait déménager au stade Olympique de Montjuic pendant 2 ans afin de finir le Camp Nou plus rapidement.
Un sacré désaveu du président sortant, qui avait assuré que le Barça jouerait dans son stade pendant sa rénovation.
3- Une proximité plus grande avec le gouvernement catalan
Profitant de son aura de président d’un F.C. Barcelone triomphant, Laporta s’est fait élire en 2010 au Parlement Catalan au sein du parti qu’il avait créé pour l’occasion, Solidaritat Catalana per la Independència. Le nouveau président du Barça comulgue donc avec les idées de la Generalitat fraîchement élue.
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Une proximité qui est une aubaine pour les dirigeants politiques au pouvoir, même si pendant la campagne Laporta a dit qu’il se voulait rassembleur de tous les courants politiques. Il sait cependant l’importance d’être bien mis avec la direction politique de la catalane. Cette dernière, qui n’avait pas l’oreille de l’ex-président Bartomeu, l’avait poussé à la démission en l’obligeant à organiser fin octobre 2020 un vote présentiel de 100.000 personnes au Camp Nou dans le cadre d’une motion de censure qu’il savait qu’il allait perdre. 48 heures plus tard, une fois l’ex-président hors jeu, le Procicat, comité d’experts du gouvernement catalan pour le suivi de la pandémie, déclarait le confinement municipal.
4- Un président proche des joueurs
« Laporta est le meilleur président de l’Histoire du Club ». C’est Xavi, celui qui a le plus porté le maillot du Barça, 767 fois, qui le dit. Soutenu par d’autres grands anciens lors de sa campagne – Eto’o, Deco, Marquez – le nouveau nº1 du F.C. Barcelone est très apprécié des joueurs.
Il aura certainement l’occasion de les saluer dans leur vestiaire lors de leur prochain match au Camp Nou. Bartomeu, lui, était devenu persona non-grata auprès des Messi & Co. L’Argentin en avait notamment marre que ce dernier lui mente « plusieurs fois ».
5- Le retour aux bases du jeu
En 2003, Laporta arrive conseillé de Cruyff père. Cette fois-ci, il pourrait être accompagné du fils, Jordi. Pour remettre le style de jeu la Masia au coeur de l’identité footballistique catalane.
Les socios y tiennent: de l’époque dorée de 2003 à 2010, ils retiennent autant les victoires que la manière, brandissant fièrement le drapeau du beau jeu et faisant briller de pair la Senyera et leur Barça, « l’armée démilitarisée de la Catalogne » comme l’appelait l’écrivain Vazquez Montalban.
Laporta, qui fait face « au plus grand défi de sa vie », aura notamment à coeur de prouver qu’il peut triompher une deuxième fois au Barça, comme quand le Club qu’il dirigeait gagnait la Ligue des Champions en 2006 et en 2009. Celui qui pourrait faire penser au Bernard Tapie catalan tentera ainsi de faire taire l’adage espagnol qui dit que les deuxièmes fois ne sont jamais bonnes, et de faire mieux que son homologue français. Revenu à l’OM en 2001 à la demande des supporters, l’ex-boss qui avait emmené le Club sur le toit de l’Europe en 1993 en était reparti sans fleurs ni couronnes un an plus tard après avoir occupé le poste de directeur sportif.
