Malgré les restrictions de déplacement, nombreux sont les Français à se rendre en Catalogne pour retrouver une liberté amputée par la pandémie.
« À Barcelone, on a enfin profité de notre premier restau depuis 4 mois » sourit Olivier, Parisien ayant passé quelques jours dans la capitale catalane en février. Depuis quelques semaines, les Français affluent en Espagne pour profiter d’un semblant de liberté. Et pour cause, depuis le 30 octobre dernier, les bars, restaurants et lieux culturels de l’Hexagone sont fermés, tandis que le couvre-feu est imposé dès 18h depuis presque deux mois.
Des restrictions sévères qui perdurent et ne cessent d’alimenter une lassitude générale. En parallèle, les différentes régions de la péninsule ibérique tendent à assouplir leurs mesures au point de drainer quelques touristes français en quête de liberté. Pourtant, la Catalogne est confinée et n’admet les entrées sur son territoire que pour motif professionnel, administratif ou cas de force majeure. Les contrevenants s’exposent à des amendes voire, s’ils arrivent en voiture, à l’injonction de faire demi-tour.
Le respect des gestes barrières comme argument
Un sentiment de culpabilité ronge-t-il ces Français qui ont transgressé cette restriction ? Pour la plupart le respect du port du masque, de la distanciation ainsi que la réalisation de tests PCR édulcorent cette transgression. Pour la jeune Française Sabrya, venue séjourner avec son conjoint à l’hôtel Salles Pere IV, « la France devrait se débrider et prendre exemple sur l’Espagne, dans la mesure où l’on respecte les gestes barrières, il n’y aura pas de problème avec le Covid « .
Olivier, venu une semaine avec sa compagne, tempère également : « je culpabilise un petit peu mais au bout de 4 mois de restrictions on a besoin de respirer. Par exemple, à Madrid c’est pire. J’ai un ami qui en revient. Les restaurants sont ouverts le soir là-bas. Il y a croisé beaucoup plus de compatriotes. » Propriétaire d’une résidence secondaire à Barcelone, il estime que les autorités pourraient faire une exception pour des étrangers qui, comme lui, paient des impôts en Catalogne : « on a acheté ici, on a investi, et même si l’on se déplace, on respecte scrupuleusement les gestes barrières ».
C’est aussi le sentiment d’Isabelle, Parisienne de 53 ans et propriétaire d’un bien immobilier dans le quartier de Gràcia. « J’estime que je suis légitime de venir, indique-t-elle, je fais attention au quotidien, nous sommes obligés de faire des tests pour prendre l’avion. Je porte un masque et je ne viens pas ici pour faire la fête avec 100 personnes. En France, poursuit-elle, on nous a inoculé le virus de la peur. »
« La philosophie espagnole semble gagnante »
Pour tous, malgré l’assouplissement des restrictions, l’Espagne est une destination rassurante. « À Barcelone, les policiers viellent à faire respecter le port du masque et la distanciation, on se sent en sécurité » constate Roman, jeune Français de 28 ans venu passer 11 jours de vacances dans la capitale catalane. « On ne ressent pas vraiment le Covid à Barcelone alors qu’en France on a le sentiment d’être bloqué ».
Même constat pour Sabrya, dont l’escapade a été motivée par une atmosphère pesante en France : « à Barcelone, on se promène dans les rues, on profite des terrasses et du soleil, c’est totalement différent. »
Bien que la lassitude des Français prend le pas sur le respect des restrictions, maintenir ces mesures reste toutefois nécessaire selon Daniel López Codina, membre du groupe de recherche catalan sur le Covid-19. « Il faut vraiment que tout le monde continue de fournir des efforts, jusqu’à ce que les effets du vaccin se ressentent ».
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