Photos: FC Barcelona
La réalité dépasse souvent la fiction au F.C. Hollywood, nom donné par le champion du Monde Emmanuel Petit au Barça lorsqu’il jouait sous les couleurs catalanes. Ce matin, l’ex-président du Club Josep Maria Bartomeu a été arrêté à son domicile, selon la radio cadena Ser.
Il y a un an, le 17 février 2020, la radio Cadena SER révélait un double scandale. D’une part, que l’institution sportive aurait engagé l’agence de communication argentine L3 Ventures pour créer des faux comptes sur les réseaux sociaux visant à protéger son image et à décrédibiliser celles de ses stars, à savoir Messi et Piqué, ainsi que l’opposant politique d’alors, Victor Font. D’autre part, qu’elle l’aurait fait au prix fort: un peu moins d’un million d’euros répartis en 6 factures et autant de départements du Club, pour échapper à tout contrôle pour régler ces basses œuvres. L’affaire prend tout de suite le nom de Barçagate.
Le F.C. Barcelone dément mais le lendemain c’est le coup de grâce: la SER présente un dossier de 36 pages signé du président de l3 Ventures Carlos Ibáñez. Bartomeu a beau déclaré que « tout est faux », il annonce que le Barça « a cessé son contrat avec une entreprise qui attaquait les gens de notre club après avoir vérifié que l’un des comptes relié à ladite entreprise a fait des commentaires inappropriés sur des personnes de notre organisation ». C’est le début de la fin.
Trois jours plus tard, sous la pression populaire, Bartomeu se sépare officiellement de son bras droit Masferrer, démasqué comme interlocuteur de l3 Ventures, et demande un audit à Price Waterhouse Coopers pour évaluer la magnitude du scandale.
Le Barça va ensuite animer le monde footballistique pendant le confinement: sans match, il fait parler de lui avec la démission de 6 membres de son comité directeur le 10 avril. L’un d’entre eux, Emili Rousaud, affirme que « quelqu’un a mis la main dans la caisse » pour bénéficier d’une partie des paiements effectués à l3 Ventures, tout en précisant qu’il ne visait aucun de ses ex-collègues de Junta.
Au même moment La Vanguardia informe des premières conclusions de l’audit: il confirme la prestation a un surcoût très élevé (980.000 euros au lieu de 120 à 150.000 euros), et que l’entreprise est de réputation douteuse, basée qu’elle est en Uruguay où règne l’anonymat bancaire. Cela conduit à peine 3 jours plus tard un groupe de socios regroupés sous le nom Dignitat Blaugrana (« Dignité Blaugrana », en références aux couleurs du Club) à porter plainte pour gestion déloyale et / ou corruption entre particuliers.
Barçagate, ultime affaire d’une longue liste
10 mois plus tard, Bartomeu, qui entre temps à démissionné pour éviter une motion de censure, Masferrer, ainsi que le Directeur Général Grau, et le chef du Service juridique Ponti sont donc arrêtés par le corps policier catalan, les Mossos d’Esquadra toujours selon la cadena Ser.
Ce n’est pas la première fois qu’un ex-président du Barça a affaire à la police. Nuñez avait été poursuivi et incarcéré pour un cas de corruption qui n’avait rien à voir avec la bonne marche du Club. Rosell, lui, était resté 2 ans en prison préventive avant d’être blanchi faute d’accusation valable dans le cadre de contrats télévisés établis par la sélection brésilienne de football.
Laporta, jugé à l’initiative de Rosell et Bartomeu, et avec l’aval des socios, pour gestion déficitaire pendant ses mandats de 2003 à 2010, et ensuite blanchi par le Tribunal de Barcelona, qui avait estimé les comptes bénéficiaires, a apporté son soutien ce matin à Bartomeu. « Ce n’est pas une bonne nouvelle car il s’agit d’un ancien président du Barça » a-t-il déclaré ce matin à Ua1 Lleida Ràdio. Celui qui fait figure de favori à l’élection de dimanche, pour revenir à la tête du F.C. Barcelone 11 ans plus tard, a d’ailleurs rappelé « la présomption d’innocence » de son futur ex-prédecesseur.
Le Barça reconnait dans un communiqué officiel la perquisition des Mossos ce matin dans ses bureaux. La police catalane a confirmé à Equinox qu’elle avait été réalisée pour délits économiques, et que plusieurs personnes avaient été placées en garde à vue dans le cadre de cette enquête, sans toutefois préciser le nombre ni le nom des personnes incriminées.