Après une saison touristique catastrophique, la ville de Barcelone cherche à renouveler son offre pour préparer l’ère post-Covid, notamment en misant sur la culture. Comment la mairie de Barcelone envisage-t-elle de relancer le tourisme via le prisme culturel ? Éléments de réponse.
La pandémie a emporté avec elle le tourisme dit de masse. Une aubaine pour Barcelone dont l’ambition de longue date était d’adopter un nouveau modèle touristique. Ainsi, un Forum de débats sur le sujet s’est tenu au cours des trois derniers mois. Au rendez-vous, 150 personnalités représentant le secteur culturel et touristique y ont participé pour établir un plan de relance qui débutera dans les années à venir.
« En finir avec le tourisme quantitatif est notre priorité, affirme Xavier Marcé, conseiller au département tourisme de la mairie de Barcelone, paradoxalement la pandémie a accéléré le processus de changement de ce modèle ». Et pour cause, au terme des 10 sessions du débat, les propositions élaborées visent à augmenter le contenu culturel et créatif de l’offre touristique barcelonaise, destinée à la fois à un public local et aux visiteurs.
Barcelone, un vivier culturel
Avec ses nombreuses structures culturelles, festivals et événements artistiques en tout genre, Barcelone est l’une des villes les plus créatives d’Europe. De ce constat, les participants au débat espèrent attirer davantage d’étrangers pour ce motif, mais aussi proposer aux locaux des événements créatifs et qualitatifs. « Barcelone a réussi à mettre en avant des initiatives culturelles, notamment à travers ses festivals, drainant des milliers de visiteurs chaque année, explique Xavier Marcé, mais dans les années à venir, nous souhaiterions donner plus de moyens à de petits événements pour varier l’offre de la ville. »
Un souhait approuvé par de nombreux professionnels du secteur culturel présent au Forum, comme Alberto Guijarro, directeur de Primavera Sound, l’un des festivals musicaux de référence de la capitale catalane. « La ville a déjà la capacité d’attirer des personnes ayant un attrait pour la culture, nous l’avons prouvé avec Primavera Sound. Désormais, nous devons travailler dans ce sens avec d’autres événements existants, qui ne bénéficient pas forcément d’une grande visibilité, et les aider à se développer » a déclaré Guijarro lors du Forum.
D’autres idées pour enrichir le plan de relance ont été évoquées. À savoir que Barcelone est l’une des capitales de la photographie, à l’instar de Paris ou Amsterdam. « Une force à mettre en avant pour espérer attirer les étrangers et fidéliser les Barcelonais » souligne Nadia Arroyo, directrice de la Fondation Mapfre Barcelona (centre dédié à la photographie). Ainsi, la capitale catalane regorge de grandes ressources culturelles pouvant séduire un nouveau type de voyageurs, dans l’optique de se diriger vers un tourisme plus durable et respectueux de l’environnement.
La culture, un atout économique et durable
Le grand défi qui s’est posé lors du Forum, suggère de repenser le modèle économique lié au tourisme. Pour cela, un plan de soutien financier verra le jour, impliquant des aides privées et publiques, destiné aux PME du domaine touristique et créatif barcelonais. En sachant que le tourisme représente 15 % du PIB de la ville, les protagonistes du débat savent qu’un tel changement peut s’avérer périlleux au vu des habitudes touristiques de la ville et du profit qu’elles génèrent.
L’un des points clés du plan repose sur une nouvelle gestion de la gare du Nord de Barcelone (Estació del Nord), véritable plaque tournante du tourisme intra-régionale. Les visiteurs se déplaçant depuis la Costa Brava et le Maresme, arrivent à Barcelone par cette gare. « Renforcer les connexions de cette gare avec des lieux culturels sera judicieux. La gare du Nord se transformera en une sorte de hub » confie Marcé.
Une autre volonté de la mairie de Barcelone et des professionnels du tourisme est de répondre aux grands enjeux climatiques de notre époque : « une charte des droits et devoirs des visiteurs sera rédigée, explique Xavier Marcé, avec laquelle les touristes s’engagent à maintenir un tourisme civique, respectueux et responsable loin du tourisme de fêtes auquel nous étions habitués ».