Faire appel au secteur sanitaire privé, à la Croix-Rouge ou à l’armée sont les options sur la table en Espagne pour accélérer la campagne de vaccination contre la Covid-19.
L’Espagne a pris du retard dans la campagne de vaccination en raison du manque de personnel pour injecter le vaccin et d’une absence de frigos portables pour transporter les doses de la Banque du sang aux maisons de retraite dans le cas de la Catalogne.
La Generalitat semble réussir à flexibiliser les choses avec 10.475 injections lors des 24 dernières heures, le chiffre le plus important depuis le démarrage de la campagne le 27 décembre dernier. Pour maintenir l’objectif de vacciner en trois mois les personnels sanitaires, les pensionnaires des maisons de retraite et les grands malades hospitalisés, différentes solutions sont sur la table à échelle nationale.
Faire appel au secteur privé
Le secteur public de la Santé a pour le moment l’entière responsabilité de mener à terme la vaccination. Les professionnels de la santé privée offrent leur aide.
L’Institut pour le développement et l’intégration de la santé (Fondation IDIS), composé des entreprises privées de Santé en Espagne, a fait part de sa « disponibilité absolue dans toutes les régions espagnoles pour accélérer le taux de vaccination requis par la pandémie et parvenir à une immunité plus rapide, sans augmenter les coûts du système de santé puisque la santé privée ne facture rien pour la vaccination ».
De son côté, la ministre de la Défense espagnole, Margarita Robles, a proposé l’aide de l’armée pour administrer les vaccins. Les forces militaires ont déjà participé à la lutte contre la Covid en désinfectant les aéroports et les maisons de retraite du pays en mars dernier. L’armée a également monté des hôpitaux de campagne et produit du paracétamol et gel hydroalcoolique durant le pic de pandémie du printemps 2020.
Pour le moment, le ministère catalan de la Santé, dirigé par l’indépendantiste Alba Vergés, ne semble pas ouvert à accepter une aide de l’armée espagnole.
Les équipes de la Croix-Rouge pourraient également servir de renfort, même si ici encore rien n’est organisé officiellement.
Pression maximale sur le personnel sanitaire
Des renforts qui seraient les bienvenus pour les infirmières qui assurent ne plus pouvoir suivre le rythme. L’administration semble croire que le personnel sanitaire possède le don d’ubiquité. Les infirmières doivent assurer leur tour de travail au sein des Centres d’Attention Primaire (CAP) pour gérer les malades du Covid et d’autres pathologies ainsi que les tests PCR. Elles doivent aussi se rendre disponibles pour se déplacer au sein des maisons de retraite et vacciner leurs pensionnaires. « Il faut mettre en place les renforts nécessaires en payant ces heures supplémentaires et en doublant les équipes », a averti le président du Conseil général des soins infirmiers, Florentino Pérez Raya.
La Covid-19 n’est pas la grippe
Par ailleurs, comparaison n’est pas raison. Le ministère catalan de la Santé a souvent amalgamé à tort la vaccination contre la Covid-19 en s’appuyant sur l’expérience des précédentes campagnes contre la grippe.
Premièrement, la congélation des doses n’est pas la même. Il faut donc prendre en compte les délais de décongélation des flacons et ensuite les remuer légèrement de haut en bas une dizaine de fois expliquent les infirmiers. Un processus beaucoup plus sensible que celui de la grippe, où il suffit de secouer fortement une dose avant de l’injecter.
Deuxièmement, la double injection, la dose principale et son rappel 21 jours plus tard alourdissent le processus administratif et de ressources humaines. L’Angleterre, sortie des normes européennes avec le Brexit, joue aux apprentis sorciers et réfléchit à laisser passer plusieurs semaines entre l’administration de la première et de la seconde dose. L’idée est d’offrir une immunité partielle et relative avec la première dose (moins de 50% d’effets selon certains médecins) à un maximum de personnes. L’immunité de chaque patient serait ensuite augmentée avec l’injection de la seconde dose à moyen terme. Une pratique douteuse que déconseille l’Agence européenne du Médicament qui avertit que la deuxième dose du vaccin ne peut pas être retardée au-delà des 42 jours indiqués dans l’autorisation de mise sur le marché du médicament. Les effets d’une telle pratique n’ont pas été testés lors des phases de développement du vaccin et pourraient faire perdre l’efficacité du vaccin.
Les jours à venir sont un nouveau défi pour les soignants : la troisième vague de Covid-19 qui s’abat sur le pays draine son lot de malades dans les hôpitaux et laisse planer la menace du collapse. La pression est maximale.