Les socialistes catalans à la chasse aux électeurs

La chasse électorale est ouverte en vue du scrutin catalan du 14 février. Sous fond de tensions personnelles, les socialistes espèrent créer la surprise.

Miquel Iceta est le candidat permanent du parti socialiste. N’ayant jamais travaillé en dehors de ses mandats politiques, il est aux affaires depuis 1987. D’abord conseiller municipal de Cornellá de Llobregat (1987-1991), puis au cabinet du président de la Generalitat (1995-1996), Iceta enchaînera ensuite avec des mandats de député pour traverser les âges et arriver en 2020.

Un chemin de roses qui pourra être entravé par Salvador Illa. Apparatchik éternel du parti socialiste catalan, Illa a été appelé à Madrid pour se convertir en ministre espagnol de la Santé. Un poste de seconde zone en temps normal. Le ministre de la Santé espagnol ne détient aucune compétence. La fonction, constitutionnellement, incombe aux autonomies régionales.

La révélation Salvador Illa

Le 13 janvier 2020, le jour où Salvador Illa prêtait serment, la Chine annonçait que la Covid-19 se convertissait en une épidémie nationale. L’état d’urgence déclenché en Espagne, le 15 mars, désignait le ministre de la Santé comme la principale autorité du pays avec le Premier ministre et celui de l’Intérieur. Les autonomies régionales perdirent leur compétences sanitaires pendant 3 mois et les épaules de Salvador Illa se chargeaient. A sa plus grande surprise.

Salvador Illa

Depuis cette date, le timide Salvador Illa est devenu un poids lourd politique. Au point où celui-ci envisagea un temps de présenter sa candidature à la présidence de la Catalogne lors des prochaines élections. Cependant, abandonner la gestion de la pandémie espagnole en pleine crise pour ravir le pouvoir en Catalogne, l’opération était de mauvais goût. Illa fit marche arrière.

Un problème de moins pour Miquel Iceta, qui voit dans le ministre de la Santé un concurrent à sa course présidentielle. Car si la chasse aux électeurs est ouverte, les deux hommes ne sont pas d’accord sur les techniques à mettre en place.

Le gibier Ciudadanos

Puissant à la fin des années 90 avec une quarantaine de députés, les socialistes menés par Miquel Iceta depuis 8 ans doivent composer avec seulement une quinzaine d’élus. Où sont partis les électeurs ? L’aile gauche a été vidée par les indépendantistes d’Oriol Junqueras et l’aile droite aspirée par Ciudadanos.

Le scrutin du 14 février sera aussi la date des funérailles de Ciudadanos. Le parti centriste, allié à Barcelone avec le social démocrate Manuel Valls et à Madrid avec les néo-fascistes de Vox, a brisé sa colonne vertébrale et fait du surplace. De fait,  il y a un bassin de 1 109 732 électeurs ayant voté pour Ciudadanos en 2017 aujourd’hui accessibles aux socialistes.

Iceta Salvador Illa l’a bien compris et tient un discours de fermeté contre l’indépendance de la Catalogne, ADN du votant Ciudadanos. Les supporters du ministre rappellent qu’Illa, lors de la déclaration indépendance de 2017, fut le pionnier pour organiser aux côtés de la droite des manifestations dans les rues pour protester contre la séparation du territoire. Miquel Iceta, lui, traînait des pieds, grincent les critiques. D’ailleurs, Iceta réclame aujourd’hui la libération des 9 prisonniers indépendantistes catalans via une grâce royale, un sujet explosif sur lequel Illa est plus discret.

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Iceta, pour réaliser le meilleur score possible et devenir le 2e ou 3e homme de l’élection, devra supporter la présence de son rival. Car Illa a l’image avec lui. Selon le centre d’études catalan, les citoyens octroient au ministre de la Santé une note de satisfaction de 4,72 sur 10. Loin d’Iceta avec 3,76.

Pour les socialistes, le combat se jouera principalement dans la ceinture rouge de Barcelone. L’aire métropolitaine de la capitale catalane vote historiquement socialiste, mais les indépendantistes de gauche d’Esquerra Republica (ERC) espèrent y réaliser une percée.

C’est d’ailleurs l’un des principaux objectifs de la campagne, comme le rappelait dans nos colonnes jeudi le conseiller politique d’ERC Sergi Sol (une interview à lire ici).

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