Face à la crise actuelle, les hôtels de Barcelone se réinventent, en offrant des chambres en location au mois. Des clients se sont déjà laissés séduire et ont posé leurs valises dans de luxueux établissements.
« Je cherchais un logement de courte durée, mais c’était difficile de trouver un appartement dans ces conditions à Barcelone, une amie m’a donné cette idée et depuis je suis enchantée » s’enthousiasme Teresa. La Barcelonaise de 27 ans vit depuis deux semaines au sein du Gallery Hotel, un élégant établissement quatre étoiles, situé à deux pas du Passeig de Gràcia. Travaillant pour une multinationale à Madrid, elle souhaitait revenir dans sa ville d’origine pour être proche de sa famille et de ses amis.
Si à première vue, Teresa était surprise du concept, elle se sent désormais comme à la maison. Elle a pu faire des petits aménagements comme ajouter un micro-ondes. « Il y a toujours un employé disponible en cas de problème, je n’ai pas à m’inquiéter de la connexion wifi, ils me font la chambre deux fois par semaine, j’ai un lit king size, un bureau, rien ne manque » raconte la jeune femme lors de la visite de son nouveau lieu de vie, plutôt spacieux et lumineux.
L’établissement propose des chambres à partir de 850 euros mensuels, comprenant les charges, le petit-déjeuner et l’accès aux zones communes comme la salle de gym, le sauna et la terrasse, et 700 euros le mois pour un engagement de six mois. « Je crois que c’est difficile de trouver quelque chose à ce prix avec tant d’avantages, pour une personne seule en plein centre de Barcelone. Et faire des contrats d’électricité, eau et internet pour seulement quelques mois me paraissait compliqué ». Teresa apprécie également le confort pour le télétravail, « ça ne change rien que je sois ici ou à Madrid, je travaille le matin au rez-de-chaussée et l’après-midi dans ma chambre pour des réunions ».
Les hôtels de Barcelone jouent leur survie
La Barcelonaise n’est pas la seule à avoir été séduite par le concept. Lourdes Grau, directrice des lieux depuis sept ans, établit un bilan positif. « La réaction du marché a été très bonne, même plus qu’on ne le pensait. Nous avons lancé la location longue durée sans savoir quelle serait le retour des clients » explique la professionnelle. Gallery Hotel a rouvert ses portes le 1er octobre, après plus de six mois de fermeture. Actuellement, huit personnes résident dans l’hôtel. Pour les prochains mois, vingt-quatre sont attendues à des périodes différentes et les profils varient. « Quelqu’un qui habite à Stockholm ayant une mission à Barcelone, un couple attendant la fin des travaux dans sa maison, d’autres en changement de logement ou des voyageurs en attente de vols, plein de raisons incitent des personnes à s’installer dans notre hôtel » précise la directrice.
D’autres établissements de la ville proposent également cette formule. Dans le même quartier, il existe Mihlton le Barcelona Boutique B&B. Le lieu a même monté une cuisine partagée pour les dix-huit personnes vivant à l’intérieur. À quelques mètres, le petit hôtel Ca La Maria Bed and Breakfast accueille également des clients au mois dans ses huit chambres. Pour un autre budget, l’établissement cinq étoiles Cotton House présente des offres à 1.300 euros mensuels.
Toutefois, la location longue durée ne compense pas les chiffres d’avant la pandémie. « En novembre, nous avions un taux d’occupation autour de 70 ou 80%, à environ 170 euros la nuit. Aujourd’hui, nous sommes entre 10 et 15%, avec des prix plus bas. On ne peut pas comparer avec ce que nous vivons actuellement. Nous avons désormais deux objectifs : réussir à rester ouvert et réintégrer progressivement le personnel encore au chômage partiel ». Fondé il y a 26 ans, le Gallery Hotel n’avait jamais connu une telle situation.
Début novembre, l’association des hôteliers de la ville déclarait que seuls 28% des hôtels de Barcelone accueillent à nouveau des clients, soit 124 sur les 438 de la capitale catalane. Certains avaient rouvert depuis mars, mais ont à nouveau fermé face aux restrictions mises en place à l’automne. Pour Jordi Mestre, le président, le constat est sans appel : « la situation reste dramatique ».
En attendant, des clients comme Teresa profitent de ces logements singuliers,« je le recommande sans hésiter, je suis enchantée d’être ici. J’ai prévu de rester pour cinq mois, mais je pense déjà à prolonger ».