La victoire de Joe Biden est factuellement plutôt positive pour l’Espagne, même si pour le moment les dirigeants du pays restent prudents. Voici les principaux changements que devrait entraîner la nouvelle présidence américaine.
L’Europe et l’Espagne prudentes
Il n’y a pas eu de sabrage de champagne (ou de cava) accompagnant la victoire de Joe Biden. Fin décembre, l’union européenne a signé un accord d’investissement avec la Chine sans attendre Joe Biden. Malgré le fait que le président élu avait appelé lors de la campagne présidentielle à chercher une position commune avec l’Europe sur Pékin.
Le plus haut représentant de la diplomatie communautaire, le socialiste espagnol Josep Borrell, a toujours défendu la doctrine baptisée «My Way» (à ma manière) en référence à la chanson de Frank Sinatra. Une métaphore invitant les Européens à trouver leur propre chemin dans la guerre froide entre Washington et Pékin.
Dans le même ordre d’idées, Bruxelles a présenté ce mardi une stratégie pour renforcer le rôle de l’euro en tant que monnaie mondiale face au dollar, dans le but d’accroître l’influence européenne dans différents domaines de la politique internationale.
Exportations facilitées pour les entreprises espagnoles
Si Donald Trump a fait de son slogan « America First – l’Amérique en premier » cela ne veut pas dire que Joe Biden soit partisan de « Europa First ». Un président américain défend avant tout les intérêts de l’Amérique, c’est son job. Cependant, on peut s’attendre à un léger desserrement du nœud coulant que Trump a attaché autour de l’Europe dans sa guerre commerciale. Les taxes d’importations imposées par la Maison Blanche ont été un sérieux revers pour l’agriculture espagnole. Ce secteur attend la suite des événements avec un relatif optimisme.
Transition énergétique
Le gouvernement espagnol et la mairie de Barcelone souhaitent que l’écologie soit un thème central de l’année 2021. Trump mise tout sur le pétrole et a abandonné l’Accord de Paris contre le changement climatique en 2017. Biden prône plutôt les énergies renouvelables. De fait, les entreprises espagnoles du secteur, elles aussi regardent l’élection de Biden avec optimisme.
Bases militaires
Le chef d’État espagnol qui fut le plus proche des États-unis est sans nul doute le dictateur Franco. En 1945, le président américain Harry Truman refusa de faire chuter Franco comme le proposait le Premier ministre britannique Winston Churchill. Les Etats-Unis utilisèrent le régime espagnol pour faire barrage au communisme en pleine guerre froide. De son côté, le dictateur, boycotté par les démocraties occidentales était ravie de traiter avec la première puissance mondiale.
Une relation qui s’est traduite dès 1953 par l’installation de bases militaires américaines sur le territoire espagnol. Des bases qui pour la plupart sont encore actives de nos jours. Par conséquent, le gouvernement espagnol doit collaborer avec le ministère de la Défense américain. L’Espagne négocie le commandement des forces militaires américaines pour l’Afrique (Africom). Cela signifierait une injection importante d’argent et d’emplois.
Politique
La défaite de Donal Trump est aussi celle du parti d’extrême-droite Vox qui souhaitait sa victoire. Le discours de Vox flirtant avec le révisionnisme dans la crise du Covid est calqué sur celui de la maison blanche.
Vox se revendique comme le Trumpisme espagnol et souhaitait faire passer ce message : si nos idées sont au pouvoir aux Etats-Unis, pourquoi pas en Espagne. Un argument qui ne tient plus.