Quim Torra est définitivement condamné pour délit de désobéissance, et destitué de son mandat de président catalan. La cour de cassation espagnole a confirmé la sentence du tribunal.
Clap de fin pour la présidence Torra. Le chef de la Catalogne perd son siège de député et de président pour ne pas avoir retiré un message politique de la façade du siège du gouvernement durant la campagne électorale des élections municipales, législatives et européennes du printemps 2019.
« Liberté pour les prisonniers et exilés politiques ». Le texte, accompagné d’un ruban jaune, était affiché sur la façade du Palau de la Generalitat, plaça Sant Jaume à Barcelone. La commission électorale demanda alors de retirer cette affiche jugée politique et violant la neutralité des bâtiments publics institutionnels. Indépendantiste activiste radical, Quim Torra a attendu une semaine pour la détacher, quelques minutes avant l’intervention de la police.
Intellectuel versé dans le roman national historique de la Catalogne, sans expérience politique, Torra est devenu président de la Catalogne à la demande de Carles Puigdemont en juillet 2018. Totalement effacé, pour ne pas dire dépassé par sa fonction durant les 18 premiers mois de son mandat, il se retrouvera depuis mars 2020 en première ligne avec la gestion de la pandémie du Covid. Le chef du gouvernement catalan n’aura alors qu’une doctrine : le principe de précaution. Il proposera à de nombreuses reprises des confinements plus stricts que ceux mis en place par le gouvernement espagnol.
Dans l’ombre de Puigdemont
Au niveau de la feuille de route indépendantiste, Quim Torra n’aura rien fait de concret, se contentant d’enchaîner les formules chocs et les effets d’annonce non suivis de faits. Il faut dire, que le président a très peu de soutien autour de lui. Le parti de Carles Puigdemont reconnaît plus l’autorité de ce dernier que celle de Torra. Il est clair que les décisions stratégiques, tout au long de la législature, furent prises à Waterloo et non à Barcelone.
Finalement, il termine son expérience en se convertissant comme premier président de la Generalitat condamné pendant l’exercice de ses fonctions. Quim Torra souhaitait ce final pour sortir par la grande porte et entrer dans l’histoire indépendantiste de la Catalogne.
Pere Aragonès, président catalan par intérim
Le président destitué, le parlement à majorité indépendantiste n’investira pas de remplaçant. Comme le souhaite Carles Puigdemont il faudra attendre la convocation automatique d’un scrutin en vertu de la loi électorale. Le délai pour que les élections soient convoquées est relativement long. Le scrutin n’aura pas lieu avant décembre, voire janvier ou février.
En attendant, c’est le vice-président de la Generalitat, l’indépendantiste modéré de gauche (ERC), Pere Aragonès qui devient président catalan par intérim.
Les élections permettront de départager les deux lignes ennemies de l’indépendantisme : le pragmatisme d’ERC ou le jusqu’au-boutisme du camp Puigdemont.