(Photo Jordi Play)
Polémique entre Manuel Valls et le parrain des fêtes de la Mercè de Barcelone.
Tension hier soir dans l’enceinte du Saló de Cents, la salle d’honneur de la mairie de Barcelone. Le conseil municipal était réuni pour donner le coup d’envoi des fêtes de la Mercè, le festival de la ville qui démarre ce jeudi. Manuel Valls est assis à sa place de conseiller municipal pour écouter le discours inaugural du parrain de l’édition 2020, le clown Tortell Poltrona. Ce dernier commence par lire une lettre de Jordi Cuixart, prisonnier indépendantiste catalan depuis octobre 2017. « Aujourd’hui, le virus, c’est aussi nous si nous ne traitons pas ce qui nous a amené ici » a déclaré le président d’Òmnium Cultural dans sa lettre.
Premières tensions sur les bancs de la droite. Le clown a continué ensuite dans une vibrante défense de la langue catalane : « Ceux qui rejettent la langue et la culture d’un lieu sont des inadaptés sociaux. »
Ce fut trop pour Manuel Valls qui se leva de son siège pour quitter la cérémonie avant qu’elle ne s’achève. Dans la foulée, l’ancien Premier ministre, s’est fendu d’un tweet pour annoncer son départ : « Le nationalisme souille tout. La Mercè devrait être la fête de tous les Barcelonais. Assez de fausses histoires, de mensonges et d’attaques contre la démocratie espagnole. »
El nacionalisme ho embrota tot. La Mercè hauria de ser la festa de tots els barcelonins. Prou de relats falsos, de mentides i d’ atacs contra la democràcia espanyola. https://t.co/EIiqKLhpqO
— Manuel Valls (@manuelvalls) September 23, 2020
Les élus du parti de droite Ciudadanos ont également quitté les lieux. Content de son effet, le clown a ensuite dénoncé en conférence de presse que certaines personnes « sont venues sodomiser une culture et une langue » (sic).
Retrait de la médaille d’or
Plus tôt dans la journée, toujours au sein du conseil municipal, Valls a remporté une petite victoire. Sous son impulsion, la ville de Barcelone a retiré la médaille d’or à l’ancien président du parlement Heribert Barrera. Aujourd’hui décédé, cet ancien leader de la gauche indépendantiste (ERC) avait dans les années 80 tenu des propos xénophobes. « Les noirs d’Amérique ont un coefficient inférieur à celui des blancs. » « Je préfère une Catalogne comme celle de la République, sans immigration. » « Nous avons peut-être vaincu l’immigration andalouse, mais je ne sais pas si nous y parviendrons avec l’immigration sud-américaine et maghrébine » sont quelques-unes des déclarations chocs de Barrera.
La proposition du retrait de la médaille d’or a été formulée par Manuel Valls et soutenue par le parti d’Ada Colau, les socialistes et les droites du Partido Popular et de Ciudadanos. Les indépendantistes ont fait bloc contre la mesure. « Lamentable. Le président Barrera était un combattant infatigable pour la liberté » a tweeté le chef du gouvernement catalan Quim Torra.