Hier, Carles Puigdemont faisait exploser son mouvement politique. L’ancien président de la Catalogne a présenté sa démission du Parti Démocrate Catalan qu’il avait contribué à fonder en 2015. Artur Mas est l’un des rares qui ne suit pas Carles Puigdemont dans son aventure. Un divorce, au moins momentané.
Le Parti Démocrate Catalan (PDeCAT) est le descendant de Convergència, le parti qui a dirigé la Catalogne de 1981 à 2001 avec le président Pujol, puis en 2011 avec Artur Mas et finalement en 2015 avec Carles Puigdemont.
Fracturé par le processus indépendantiste, frappé par des cas de corruption, Convergència a rendu l’âme et laissé place au PDeCAT. Plus centriste, plus catalaniste et moins indépendantiste que Carles Puigdemont, le PDeCAT et l’ancien président entretiennent depuis toujours une relation orageuse.
Figure spirituelle du peuple indépendantiste, Carles Puigdemont pèche par son manque de contrôle du tissu territorial politique de la Catalogne. Pour s’assurer de son futur, l’exilé de Bruxelles a monté son propre parti : Junts Per Catalunya.
Procès
Sauf que cette marque électorale appartient juridiquement au PDeCAT, qui a décidé de poursuivre en justice Puigdemont pour utilisation illégale. Piqué au vif, l’ancien président a déchiré sa carte de membre du PDeCAT entraînant avec lui quatre ministres du gouvernement catalan, la quasi totalité des députés du parlement de Catalogne, la moitié des parlementaires du Congrès espagnol et la totalité des sénateurs.
L’hémorragie condamne à mort le PDeCAT. Mais un soutien inattendu pourrait changer la destinée du parti : Artur Mas. Celui-ci choisit de rester dans le mouvement qu’il a cofondé et refuse de suivre Carles Puigdemont dans son aventure.
Le divorce
C’est la première fois dans l’histoire politique que Mas et Puigdemont ne militeront pas dans le même parti. Mas a choisi personnellement Puigdemont pour le remplacer à la Generalitat. Le fait démontre la confusion régnant actuellement dans l’indépendantisme. Il n’est pas impossible qu’il y ait deux candidatures jumelles aux prochaines élections catalanes.
Carles Puigdemont boostera la candidature de son parti Junts Per Catalunya qui sera probablement représenté par un actuel ministre catalan. Le PDeCAT, avec le soutien actif d’Artur Mas, pourrait lancer une autre candidature. Celle de l’actuelle ministre des Entreprises Àngels Chacón, seule membre du gouvernement à ne pas avoir quitté le PDeCAT. Une candidature de centre droit business friendly, prête à négocier avec Madrid. Artur Mas reviendrait donc à ses origines et tournerait le dos à l’épopée unilatérale de la déclaration d’indépendance de 2017.
Cette division pourrait faire le jeu de la gauche indépendantiste, qui présentera la candidature de l’actuel vice-président du gouvernement catalan Pere Aragonès.
Si toutefois l’électorat indépendantiste ne se lasse pas de toutes ces luttes de pouvoir.