Malgré l’évolution négative de la pandémie, la Catalogne pourrait organiser un scrutin électoral avant la fin de l’année.
Les automnes sont chauds en Catalogne. Depuis 2017, un été indien politique survole Barcelone. Référendum, déclaration d’indépendance, prison, émeutes ont rythmé la rentrée ces dernières années. Et 2020 ne devrait pas déroger à la règle. La pandémie de coronavirus reste la première inquiétude des Catalans et accapare l’agenda des responsables politiques. Il n’y a plus aucun doute sur l’arrivée de la seconde vague du Covid dans le cluster catalan.
Cependant, entre les masques, les bulletins de votes pourraient faire leur apparition avant la fin de l’année. Courant septembre, le président catalan Quim Torra sera destitué de son poste. Pour avoir refusé de retirer un symbole indépendantiste de la façade du siège du gouvernement catalan, Torra a été condamné à une peine d’inéligibilité par le tribunal de Barcelone. Une fois la décision rendue ferme par la cour d’appel espagnole, avant la fin du mois de septembre, le président devra quitter le Palau de la Generalitat.
Trois scénarios sont sur la table. Torra dissout le parlement avant d’être destitué et déclenche des élections anticipées vers la mi-novembre. Ce qui pour le moment est l’option la plus plausible et souhaitée par les indépendantistes de gauche, les socialistes, Podemos et Quim Torra lui-même.
La seconde porte de sortie serait de ne rien faire. Avec le siège vacant de Quim Torra, le vice-président Pere Aragones deviendrait quelques mois président par intérim avant que, selon la loi électorale, des élections soient automatiquement convoquées début 2021. C’est l’option favorite de Carles Puigdemont. Une manœuvre qui permettrait de démontrer que l’État espagnol, via ses tribunaux, s’est ingéré dans les affaires politiques catalanes. L’anormalité donnerait une saveur identitaire au vote et Carles Puigdemont pourrait en tirer profit.
Le troisième scénario, improbable mais la Catalogne a l’habitude des coups de théâtre, serait que le parlement investisse un nouveau président pour terminer la législature jusqu’à décembre 2021. Sans passer de nouveau par les urnes donc.
Les indépendantistes devraient garder le pouvoir
Si l’on en croit les sondages, il est à peu près sûr que les indépendantistes se maintiendront au pouvoir au terme de ces élections. Reste à savoir si ce sont les indépendantistes de gauche (ERC) ou le parti de Carles Puigdemont qui arrivera en tête et gardera la présidence. Jusqu’ici ERC avait le vent en poupe. Mais la gestion de la pandémie par les ministres catalans de la Santé et des Affaires sociales dirigées par ce parti complique les choses.
Par ailleurs, ERC n’a obtenu aucun résultat de sa table ronde de négociations avec le gouvernement de Madrid qui devait trouver une sortie de crise au conflit territorial. C’est ici que Puigdemont, avec un discours sur le roman national catalan, a le plus de chance de gagner des points. La bataille se joue entre le réalisme pragmatique d’ERC et l’épique indépendantiste de Puigdemont.
Les forces politiques contraires à l’indépendantisme ne pourront probablement pas former une majorité alternative. Le Partido Popular est devenu résiduel en Catalogne, Ciudadanos est en crise existentielle et tente de ne pas disparaître du panorama politique. Le grand gagnant pourrait être le parti socialiste de Miquel Iceta qui oscille entre la défense de la Constitution espagnole et de l’identité catalane.