Le principal responsable des maisons de retraite de Madrid a démissionné vendredi, ultime épisode d’une succession de scandales qui ont rythmé les dernières semaines politiques dans la capitale espagnole.
Près d’un résident sur cinq des EHPAD madrilènes est mort des suites du Covid19. C’est deux fois plus que dans les autres communautés autonomes. La capitale espagnole, qui a été la première et la plus gravement touchée par l’épidémie, s’est vue rapidement débordée par la situation dans ses résidences pour personnes âgées.
La dernière semaine de mars, 1364 pensionnaires sont morts dans la région de Madrid. Selon le pure player Infolibre, le gouvernement régional avait alors explicitement demandé de ne pas hospitaliser les pensionnaires afin de ne pas saturer le système sanitaire déjà au bord de l’implosion. Ainsi, durant cette semaine, seuls 13% des malades d’EHPAD ont été transportés à l’hôpital. Personnel débordé, manque de moyens, pompiers et militaires appelés en renfort pour désinfecter les résidences avaient alors alerté d’une « situation particulièrement critique ». Les morts étaient laissés à l’abandon sur leurs lits, les malades agonisaient sans morphine tandis que les patients sains n’étaient pas séparés des contaminés.
Plaintes et enquêtes
Aujourd’hui, ce sont plus de 400 familles de victimes qui réclament des explications sur ces protocoles et entament des poursuites contre l’exécutif régional. En ligne de mire également, la non médicalisation des maisons de retraite pourtant promise par le gouvernement régional mais jamais mise en place. Pour les syndicats, la faute aussi à la privatisation des EHPAD espagnols dont 70% des places sont gérées par des groupes privés qui ont des objectifs de rentabilité. Pendant le confinement, la communauté autonome de Madrid avait repris de force la gestion de treize résidences privées dans une situation dramatique.
La présidente de la région Isabel Díaz Ayuso (Partido Popular) continue de nier toute négligence et toute directive douteuse, mais son conseiller aux politiques sociales de son gouvernement Alberto Reyero (Ciudadanos) a finalement lâché que ces directives n’étaient “pas éthiques et peut-être pas légales”. De son côté, l’assemblée régionale de Madrid lance une commission d’enquête. Comme un aveu, les démissions se succèdent depuis quelques jours : lundi dernier le chef de cabinet du conseiller régional aux politiques sociales quittait ses fonctions pour « raisons personnelles » tandis que vendredi le gérant de l’Agence Madrilène d’Attention Sociale, le plus haut responsable des EHPAD de la région, démissionnait pour « raisons de santé ».
Mais si la gestion a été particulièrement catastrophique à Madrid, les résidences pour personnes âgées des autres régions d’Espagne n’est pas en reste. En Catalogne, un protocole similaire conseillant de ne pas hospitaliser les plus anciens a été appliqué et plusieurs enquêtes sont en cours.