L’ancien compagnon de Marine Le Pen et vice-président du Rassemblement National, Louis Aliot devient le 62e maire de Perpignan, la capitale de la Catalogne Nord avec plus de 53 % des voix.
Comme à chaque scrutin électoral perpignanais, la campagne a été marquée par la délinquance, la situation sociale – un habitant sur trois vit sous le seuil de pauvreté –, le taux de chômage dépassant 23 % des actifs, et un centre-ville commerçant qui agonise.
Louis Aliot et sa silhouette de rugbyman a réussi à convaincre des Perpignanais que ses solutions sont les meilleures. C’est la seule ville de plus de 100.000 habitants qui sera désormais gérée par le Rassemblement National. Perpignan devient par conséquent la nouvelle vitrine du parti.
Ce Toulousain, issue d’une famille de pieds-noirs originaire du quartier de Bab El Oued à Alger, commence sa liaison avec la politique en fréquentant le RPR chiraquien lors de ses années lycées. Sa mère, militante FN, l’emmènera à un meeting de Jean-Marie Le Pen en 1988. Dix ans plus tard, Aliot deviendra conseiller régional Front National de Midi-Pyrénées.
Perpignan dans le viseur
Il occupe différentes places au sein de la direction du FN, fidèle parmi les fidèles de Jean-Marie Le Pen. Ce dernier lui conseillera de s’implanter à Perpignan en 2002. Comme beaucoup de communes du sud-est de la France, Perpignan est une terre fertile pour le parti. Louis Aliot enchaîne tous les scrutins : législatifs, départementaux, régionaux et municipaux. Aux élections municipales de 2008, il obtient 12,28 % au premier tour et 10,42 % au second. Un score qui ira à partir de ce moment en augmentation irrésistible : 44,89 % au second tour en 2014. Il est même élu député des Pyrénées-Orientales en 2017 avec 50,56 % des voix.
La victoire de Louis Aliot est aussi la défaite historique de la droite qui dirigeait la ville depuis 61 ans. Paul Alduy fut maire de Perpignan de 1959 à 1993 sous l’étiquette UDF; son fils Jean-Paul a repris le flambeau jusqu’en 2009 au nom de l’UMP; enfin sous la marque Les Républicains, Jean-Marc Pujol a administré la ville ces 11 dernières années.
Face au défi des campagnes municipales portant inexorablement sur la faillite économique de la ville et l’insécurité systémique, le maire sortant de droite réussissait jusqu’ici à se faire réélire au second tour en tenant un discours droitier, libéral et communautariste en faveur des pieds noirs et des gitans. Avec l’aide des voix du Front Républicain, où la gauche doit voter pour faire barrage au FN, le compte était bon.
Jusqu’à ce 28 juin 2020. L’âge (71 ans) et le bilan de Jean-Marc Pujol ont effrité sa popularité électorale (18,44 % au premier tour) et fait craquer le front républicain. Trois candidats de la République En Marche de Macron ont rejoint le RN entre les deux tours. Une partie des colistiers n’ont pas suivi la consigne de voter pour Pujol dont leur chef Romain Grau est un dissident. La LREM est plus à droite au plan local que national, preuve aussi que Louis Aliot est devenu un notable de la ville.
La dynamique de Robert Ménard, réélu triomphalement au premier tour de la commune voisine de Béziers, a été un puissant facteur d’accélération du vote Aliot. D’autant plus que le nouveau maire de Perpignan ressemble à celui de Béziers: une droite dure mais tranquille, sans dérapages verbaux.
De l’autre côté des Pyrénées, Carles Puigdemont souhaitait la victoire de Jean-Marc Pujol. L’ancien président catalan s’était affiché avec le maire de l’époque lors du meeting indépendantiste géant de Perpignan en février dernier. « Perpignan doit continuer d’être ce qu’elle a toujours été au cours des XXe et XXIe siècles, c’est-à-dire la grande capitale des libertés démocratiques et du républicanisme catalan » a déclaré Carles Puigdemont.