Le gouvernement catalan en mode survie

Le gouvernement catalan était en crise avant le déclenchement de la pandémie du Covid19. Trois mois plus tard, la situation s’est encore détériorée.

L’actuel exécutif catalan est né d’une double frustration. Celle de la gauche indépendantiste (ERC) qui pensait arriver en tête lors du scrutin convoqué de force par Madrid après la déclaration de sécession d’octobre 2017. Carles Puigdemont avec son parti Junts Per Catalunya a fini devant ERC.

Frères ennemis, les indépendantistes de Junts Per Catalunya et d’ERC ont alors formé une coalition pour gouverner. Afin de ne pas désobéir à l’Espagne, et pour ne pas renforcer sa légitimité, ERC a refusé d’investir Carles Puigdemont président catalan depuis Bruxelles. C’est la seconde grande frustration de cette législature.

Depuis la première seconde de son existence, ce gouvernement a commencé sa lente décomposition, nous en sommes aujourd’hui à la phase terminale. Quim Torra, remplaçant, sous influence de Puigdemont, est destitué par la justice espagnole depuis décembre dernier pour avoir enfreint la loi électorale en refusant de détacher de la façade du Palau de la Generalitat un ruban jaune, symbole indépendantiste. Si Torra est encore en place, c’est parce qu’il a fait appel de sa condamnation, et les temps administratifs lui offrent un sursis.

Dissolution du parlement et coronavirus

Juste avant l’arrivée du coronavirus, Quim Torra, sous la pression d’ERC, avait mis une date de péremption à la législature. Une fois les budgets de la Catalogne approuvés, le président dissoudrait le parlement et déclencherait des élections catalanes anticipées. En bon parasite, le coronavirus a empêché ce scénario de se produire.

ERC est à la tête des ministères « sociaux » :  santé, travail, éducation. Lors de la constitution du gouvernement, la gauche catalane pensait faire une démonstration de son talent de gestion sociale avec ces départements. Avec pour but d’attirer des nouveaux votants, pas forcément indépendantistes mais progressistes. Aujourd’hui ce sont ces ministres qui devront principalement rendre des comptes pour la gestion de la pandémie et subir la vague de protestation sociale dérivée de la crise du Covid.

gouvernement catalanA la ramasse dans les sondages, le parti de Quim Torra et Carles Puigdemont ne veut plus convoquer d’élections, en attendant qu’un travail de sape détruise le capital politique d’ERC dans ses ministères. La gestion dramatique des maisons de retraite frappées par le virus a déjà mis à mal les départements du travail et de la santé.

Madrid au centre de la bataille

Dans le domaine de la politique nationale, la belliqueuse Junts Per Catalunya refuse toute collaboration avec le gouvernement espagnol. Au contraire d’ERC qui a négocié la mise en branle d’une laborieuse table ronde avec Madrid pour tenter de trouver une sortie au conflit indépendantiste. Là aussi, le Covid a fait prendre du retard à l’opération. Le retour des réunions autour de la table devrait avoir lieu à partir de juillet.

Junts Per Catalunya attend et espère un fiasco pour miner une nouvelle fois le crédit électoral d’ERC. D’autant plus qu’avec ses sorties provocatrices contre l’Espagne, le président Torra entend bien saboter les possibles accords nés de la table ronde.

Nouveau président pour le gouvernement catalan ?

Sur la défensive, ERC veut des élections le plus rapidement possible. Junts Per Catalunya rappelle que la législature prend officiellement fin en décembre 2021, et que dissoudre le parlement n’est plus une option. Tôt ou tard, le Tribunal Suprême rendra ferme la destitution de Quim Torra.

Institutionnellement, il est possible de ne pas convoquer des élections suite à cette avarie et de proposer un nouveau candidat à la présidence devant le parlement catalan. Pendant ce temps-là, le gouvernement continuera son agonie. Et les ministres ont activé le mode survie.

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