Suite à la fermeture obligatoire de tous les commerces non essentiels après la déclaration de l’état d’alarme, le Paradise a présenté un plan social et prié ses travailleuses sexuelles de quitter les lieux.
L’entreprise a présenté un ERTE pour ses 69 employés. Un plan social qui concerne les serveurs, cuisiniers, personnels de nettoyage et de maintenace, mais aucune des plus de 100 prostituées qui travaillaient dans cette maison close aux dimensions gigantesques: 2700 mètres carrés, 80 chambres et une clientèle à 90% française grâce à sa proximité avec la frontière.
Comme dans la majorité des maisons closes, les prostituées sont en fait des locataires. Au Paradise, elles louaient leur chambre pour 80 euros par jour avec pension complète. « Elles vont et viennent quand elles veulent, elles doivent simplement louer un minimum de 21 jours par mois pour accéder au club » a expliqué José Moreno, le propriétaire du club, au pure player Cronica Global. Deux jours après l’annonce de la fermeture, « les filles sont toutes parties, la plupart dans leur pays » poursuit Moreno qui se félicite de n’avoir observé aucun cas de coronavirus dans son établissement.
Les oubliées de la crise sanitaire
A la rue du jour au lendemain, une grande majorité des prostituées sont effet reparties auprès de leur famille. « Mais celles d’entre nous qui n’avons pas de famille, nous ne savions pas quoi faire, on ne nous a rien donné ni proposé » raconte une ex-travailleuse du Paradise au journal El País, ajoutant qu’elles avaient du mal à faire du bénéfice dernièrement et donc à mettre de l’argent de côté. Quelques-unes ont toutefois été recueillies par des femmes plus âgées qui officiaient dans les cuisines du club.
La situation se reproduit dans l’ensemble de l’Espagne, qui compte 1600 maisons closes. A Madrid, des prostituées abandonnées à leur sort ont fini par aller vivre dans des « narco-appartements« , devenus des « narco-bordels ». Sans recours et sans accès aux soins, ces femmes étrangères sont parmi les grandes oubliées de la crise du coronavirus. « Elles vont se contaminer et elles ne savent ni où aller ni quoi faire, elles vont bientôt devenir comme de la marchandise jetable » s’alarme l’association Apramp.
Pour les victimes de prostitution mais aussi pour tout témoin souhaitant dénoncer un cas, la Police Nationale maintient son numéro gratuit et intraçable sur les factures téléphoniques : 900 10 50 90.