Durant l’état d’urgence, la police catalane travaille en première ligne. Marc, 42 ans, a intégré les Mossos d’Esquadra en 2004. Depuis huit ans, l’agent couvre la zone de Badalona. Interview.
Avez-vous reçu une formation au préalable au sein des Mossos d’Esquadra pour travailler dans de telles conditions ?
Je travaille pour la sécurité citoyenne, nous sommes habitués à travailler dans des circonstances particulières. Même si nous ne sommes pas préparés à celles de cette crise sanitaire, nous apprenons à savoir réagir dans des situations inédites.
Quels sont les principaux changements dans votre travail quotidien ?
Outre la surveillance, nous avons surtout un rôle de médiateur entre les habitants. Nous intervenons essentiellement à domicile, si les gens se disputent entre eux. Le nombre d’opérations dans la rue a fortement baissé. Dans les commissariats, il y a désormais des distances de sécurité pour recevoir les citoyens.
Les Mossos d’Esquadra connaissent les délinquants multirécidivistes agissant normalement dans la rue, où sont-ils durant le confinement ?
La plupart sont chez eux. Des délinquants comme les pickpockets n’ont pas de raison d’être dans la rue, puisqu’il n’y a personne à voler. Le type de délit que nous voyons aujourd’hui, ce sont les personnes qui ne respectent pas le confinement. Celles interpellées à plusieurs reprises sont souvent celles qui ont déjà eu des problèmes avec la police pour d’autres raisons.
Comment réagissez-vous face à ce type de comportement ?
Il faut identifier la personne, confirmer l’infraction et déposer une plainte administrative. Quand ce n’est pas la première fois, le citoyen est arrêté. En règle générale, les personnes contrôlées disent vrai. Beaucoup ont même imprimé l’attestation conseillée (non obligatoire, ndlr) par le ministère de l’Intérieur catalan.
Quelles sont les excuses ?
Classiques, “je promène mon chien”, “je vais au supermarché”. Nous vérifions que le citoyen s’y rend réellement. Par exemple, nous avons interpellé un jeune de 19 ans qui prétextait habiter à un endroit, nous l’avons accompagné jusqu’à l’appartement. Un membre de sa famille a ouvert la porte mais nous a indiqué qu’il n’habitait pas ici.
Avez-vous peur d’être contaminé ? Comment ça se passe avec votre famille quand vous rentrez chez vous ?
Je n’ai pas peur car nous prenons le maximum de précaution. Père de deux filles de trois ans et dix mois, ma famille est plus inquiète que moi. Étant beaucoup en contact avec les citoyens, nous sommes habitués à faire attention aux normes d’hygiène dans la police.
Quel est le plus beau geste que vous ayez vu depuis le début de la crise ?
Les gens qui remercient la police, ça fait vraiment chaud au coeur de voir ça. Les habitants n’ont jamais autant collaboré avec nous que maintenant. Mais aussi la solidarité. Il faut avoir conscience que les personnes vulnérables ou pauvres le sont encore plus dans cette situation. C’est beau de voir l’entraide entre les citoyens.