Tous les premiers mercredis du mois, la librairie française Jaimes nous recommande les dernières nouveautés et événements littéraires à Barcelone, sous la plume acérée du libraire Christian Vigne.
Photos: Josep Miron
La lenteur n’est pas une vertu contemporaine. Elle serait ce vice impardonnable qui consisterait à ne pas accepter de vivre au rythme de son temps. Autrement dit, la lenteur s’oppose à l’idéologie du progrès.
Alors qu’il y a déjà quelques années, je racontai au fils d’un de mes amis l’arrivée des ordinateurs, des fax, d’internet, lui expliquant que cette technologie avait accéléré considérablement les processus, développé de l’impatience, le besoin constant de passer toujours à autre chose, bref je m’apprêtais à philosopher sur le temps qui passe quand le fils en question m’interrompit pour me demander ce qu’était un fax. Je décidai ipso facto de m’écraser m’imaginant être convoqué prochainement dans des écoles primaires ayant renoncé, faute de combattants, à accueillir un survivant de la guerre de 14.
Aussi ai-je accueilli avec la plus grande curiosité « Les hommes lents » de Laurent VIDAL, éd Flammarion. Un essai sur la résistance à la modernité depuis le … XVº siècle. Le temps ne change décidément rien à l’affaire.
Moins reposant est le « Je twitte donc je suis » de Guillaume DEBRÉ, éd. Fayard.
L’Ernest Hemingway du tweet en aurait publié 13421 depuis qu’il est à la Maison Blanche soit, en moyenne, 12.9 par jour ou 87 par semaine si l’on préfère. Je ne vois pas du reste pourquoi on préférerait, c’est une façon de parler. Serial twitteur, diffuseur acide de noms d’oiseaux, insulteur en série, il se lâche comme on dit, il accumule, il active ses pouces à toute heure du jour et de la nuit. S’il n’occupait pas les fonctions qui sont aujourd’hui les siennes, on constaterait avec une relative indifférence une pathologie aux moindres effets mais il est arrivé que l’agitation de ces doigts fassent chuter des cours de bourses. D. TRUMP twitte donc à longueur de temps, sur tous les sujets, sur lui-même qu’il considère comme un génie, sur ce petit gros qui préside aux destinées de la Corée du nord, sur sa femme… il twitte.
« Le canard siffleur mexicain » de James CRUMLEY. Ed. Gallmeister.
Là, comment dire, rien n’est vraiment facile. Un détective privé bien connu des lecteurs de Crumley se consacre désormais à gérer un bar jusqu’à ce que, dépassé par des problèmes d’argent, il décide de se retirer et d’accepter la mission de récupérer des poissons tropicaux rares chez Norman l’Anormal, chef d’un gang de bikers, à qui il devra s’affronter avec mitrailleuses interposées jusqu’à ce que le patron des bikers en question lui propose d’aller récupérer sa mère que son mari a kidnappé, allez savoir pourquoi. Vous me suivez ? Je sais…
Vous ai-je précisé que la première mission a été commanditée par un vieil avocat toxico au dernier degré ? Non. Un road trip en somme.
En bref
Le retour de « Poulette », contes pour enfants ce samedi 7 février à la librairie Jaimes. À suivre sur www.jaimes.cat la programmation des activités enfantines on line à partir du samedi 7 mars.
Cycle de Conférences de Mireia Porta sur la littérature haïtienne les premiers et troisièmes vendredis de chaque mois à 18h30.