Perpignan, 110.000 personnes rassemblées autour de l’ancien président Carles Puigdemont. Un meeting sur lequel plane un parfum d’insurrection.
Entre la rockstar et le messie. Probablement jamais auparavant, Carles Puigdemont n’avait déclenché une telle ferveur chez ses sympathisants. « Il dégage quelque chose c’est certain » confie à Equinox un membre des comités de défense de la République, le noyau dur du Puigdemontisme.
Rares sont les hommes politiques qui peuvent déplacer plus de 100.000 personnes, un meeting de la taille de celui d’une campagne présidentielle française. Sur la forme, dans un pays étranger, la performance est singulière. Dans le fond, les propos sont également peu communs. L’apologie des émeutes d’octobre dernier est à peine voilée. L’ancienne ministre catalane de l’éducation du gouvernement Puigdemont a entamé son discours avec un « bonjour à ceux qui ont bloqué l’aéroport, bonjour à ceux qui ont gagné la bataille d’Urquinaona ». Clara Ponsati se réfère ainsi aux violents combats du centre de Barcelone qui ont opposé la police aux indépendantistes radicalisés à l’automne dernier. Puigdemont, dans un bref discours, a livré ses directives aux militants. « Nous devons contrôler l’ensemble du territoire. Nous devons nous préparer à combattre la répression de l’Etat espagnol (…), et à rejeter la monarchie héritée de la dictature franquiste. Nous devons nous préparer pour la lutte finale ».
Un verbatim musclé qui vise à gagner les prochaines élections catalanes. Face à Carles Puigdemont et ses amis, la gauche indépendantiste d’Oriol Junqueras (ERC) se présente dans un discours pragmatique et de concorde avec le gouvernement espagnol. « Nous ne pactisons pas avec les geôliers » scandent en réponse à ERC les affiches du rassemblement perpignanais.
Le but de Puigdemont est de mettre une certaine pression morale sur la gauche indépendantiste. Et faire dérailler les négociations avec Madrid pour trouver une sortie de crise au conflit catalan. La même politique de la terre brûlée qui a conduit Puigdemont où il se trouve actuellement. « Il y en a marre des émeutes, et des préjudices à l’économie catalane » confesse à Equinox un haut fonctionnaire gouvernemental d’ERC. Aucun ministre de la gauche catalane n’a fait le déplacement pour écouter Carles Puigdemont. Un boycott en règle. Les chefs d’ERC attendaient avec impatience le discours de Puigdemont pour savoir quelle serait l’angle de la campagne de l’ex-président. La réponse est simpliste : la tentation de l’insurrection.