La Catalogne et l’Espagne ouvrent officiellement le dialogue

Rencontre au sommet à Madrid entre les représentants catalans et espagnols.

Ce n’est pas une relation politique normale, mais ça y ressemble. Pour la première fois depuis les dix dernières années, une délégation catalane rencontre officiellement les représentants de l’État espagnol. La première table ronde a pour objet le dégel entre les institutions catalane et espagnole. Après la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017 et du procès judiciaire ayant envoyé en prison les leaders catalans. L’ancien président Carles Puigdemont a placé ses proches à cette table des négociations. Aux côtés du président Quim Torra se trouvent la sniper indépendantiste Elsa Artadi et le ministre de la Fonction publique Jordi Puigneró. Ce dernier sera probablement le candidat du parti de Puigdemont lors des prochaines élections catalanes. Avec son noyau dur, l’ancien président veut compliquer le dialogue avec Madrid en imposant comme condition sine qua non un référendum indépendantiste et la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple catalan.

La gauche indépendantiste (ERC) représentée par le vice-président du gouvernement Pere Aragonès et le ministre des Affaires étrangères Alfred Bosch est plus modéré dans ses demandes. La proposition mise sur la table par le gouvernement espagnol, de réformer le code pénal et de baisser les peines de prison pour délit de sédition qui frappe les chefs catalans en prison, est quasiment une fin en soi pour ERC. Ainsi, la gauche indépendantiste se félicite de mettre fin à la répression espagnole avec les prisonniers qui sortiront plus tôt. « Rien d’autre ne sortira de la table des négociations jusqu’aux prochaines élections catalanes » confie à Equinox un haut fonctionnaire gouvernemental encarté à ERC. C’est un dialogue à minima qui commence dans l’attente de ces élections où le peuple indépendantiste tranchera entre la ligne pragmatique de la gauche ou en faveur du projet musclé des amis de Carles Puigdemont.

Grand jeu espagnol

Le gouvernement espagnol de son côté a sorti le grand jeu. L’exécutif qui gouverne en minorité parlementaire au Congrès des députés a besoin des votes des élus catalans pour faire approuver les budgets de l’État au printemps prochain. Du coup, autour du Premier ministre en personne, siègent six membres du gouvernement, dont Manuel Castells ministre des Universités favorable au référendum indépendantiste. La présence de proches de la maire de Barcelone Ada Colau à la table des négociations a suscité l’euphorie dans les rangs indépendantistes.

Quant à la droite, elle déplore qu’aucun parti de l’opposition en faveur de l’unité de l’Espagne n’ait été convié à ce réunion.

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