Voici la composition du nouveau gouvernement espagnol qui prendra officiellement ses fonctions mardi prochain.
Premier ministre Pedro Sánchez
C’est probablement la première fois qu’un responsable politique aussi dénué d’idéologie va diriger l’Espagne. En décembre 2015, Pedro Sánchez fait son apparition chez le grand public. Il tentera de se faire investir Premier ministre lors d’un débat parlementaire. Il opte pour un profil centriste et signe un accord avec les libéraux de droite de Ciudadanos. Mais aucun autre mouvement ne se joindra à l’aventure, de nouvelles élections législatives seront organisées en juillet 2015. Pedro Sánchez propose alors de former un gouvernement alternatif avec la gauche radicale de Podemos et les indépendantistes catalans. La vieille garde du parti socialiste s’oppose violemment. Pedro Sánchez est alors quasiment expulsé manu militari du parti. Esseulé, il entame une traversée du désert, qui prendra la forme d’un tour d’Espagne avec sa Peugeot 407, à la rencontre des militants. Et ça marche. Le 21 mai 2017, avec une ligne très à gauche, il gagne de nouveau le vote interne au parti socialiste en battant sa rivale centriste, qui était soutenue par toute l’intelligentsia du mouvement.
Pedro Sánchez redevient secrétaire général des socialistes. Une affaire de corruption entachant Mariano Rajoy lui coûte sa destitution et permet simultanément à Pedro Sánchez de devenir Premier ministre provisoire en juillet 2018. Sans passer par les urnes, grâce à une motion de censure votée par Podemos et les indépendantistes catalans. Après les élections législatives d’avril 2019, Pedro Sánchez, véritable Fantomas de la politique, reprend un visage centriste pour accabler avec virulence la gauche radicale. Pour ne pas pactiser avec Podemos, il préfère le blocage qui se traduira par une nouvelle élection législative anticipée en novembre 2019. Lors de cette campagne, en pleine insurrection dans les rues de Barcelone, Pedro Sánchez ne présente plus un visage centriste mais prend les traits de la droite dure. Alors que l’on pensait que le socialiste, après son ton martial contre la Catalogne, allait proposer au lendemain des élections une alliance avec la droite, il refait un virage à 180 degrés. En signant un pacte avec Podemos et les indépendantistes catalans de gauche. Pour la première fois depuis le rétablissement de la démocratie, des ministres de gauche radicale et communistes entrent au gouvernement.
Carmen Calvo, vice-présidente en charge des relations avec le parlement
Dans l’accord signé entre les socialistes et Podemos, il était convenu que le chef de la gauche radicale obtienne le poste de vice-président, l’équivalence en France d’un ministre d’Etat. Afin de diluer le pouvoir de Podemos, Pedro Sánchez a fait une annonce surprise cette semaine: il y aura quatre vice-présidences dans le nouveau gouvernement. Chargée de la « mémoire historique », Carmen Calvo devrait mettre en oeuvre l’illégalisation de la Fondation Francisco Franco qui glorifie l’oeuvre gouvernemental du dictateur. Le 31 octobre deviendra également journée nationale des victimes de la dictature espagnole.
Nadia Calviño, vice-présidente en charge de l’économie
Nadia Calviño est le visage centriste de Pedro Sánchez. La garantie pour l’Union européenne que Madrid suivra toutes les directives économiques de Bruxelles.
Teresa Rivera, vice-présidente en charge de la transition écologique
« La transition écologique« , euphémisme pour évoquer la destruction de la planète, est mis en avant dans cette nouvelle législature avec la création d’une vice-présidence dédiée. Madrid a accueilli à la fin de l’année dernière, la conférence mondiale de la COP 25. Elle s’est soldée par un fiasco absolu sans qu’aucune mesure d’envergure signée par les pays participants.
Pablo Iglesias, vice-président en charge des droits sociaux
A 41 ans et après 10 années passées en campagne électorale, le chef de Podemos accède pour la première fois au pouvoir avec une vice-présidence des Affaires sociales. Les socialistes ont ici aussi réalisé un coup de Trafalgar en retirant au dernier moment la Sécurité sociale des compétences du ministère de Podemos. La tâche principale de Pablo Iglesias sera de gérer l’agenda 2030, c’est-à-dire d’assister aux sommets des Nations unies en tant que responsable de la stratégie de l’Espagne sur le changement climatique et les droits de l’homme.
Maria Jésus Montero, ministre de la Fiscalité
Une grande réforme fiscale est prévue pendant la législature, avec une hausse de l’impôt sur les revenus pour les contribuables dépassant les 300.000 euros annuels. L’impôt sur les sociétés sera également corrigé à la hausse.
Fernando Grande Marlaska, ministre de l’Intérieur
Cet ancien juge rempile à la tête du ministère de l’Intérieur qu’il a dirigé pendant toute la période intérimaire de Pedro Sánchez. Les indépendantistes réclament sa comparution devant le parlement pour expliquer les actions musclées de la police pendant les émeutes à Barcelone en fin d’année dernière. Par ailleurs, le gouvernement prévoie une réécriture de la loi de sécurité intérieure votée par les conservateurs en 2013. Une nouvelle version plus laxiste avec moins de pouvoir pour la police est à l’ordre du jour.
Isabel Celeaa, ministre de l’Éducation nationale
La ministre lancera une offensive contre les écoles privées catholiques, thème ultra sensible. Le gouvernement souhaite que la matière de l’enseignement religieux ne puisse plus compter dans les résultats du bac. La loi pour défendre l’enseignement en langue espagnole dans les établissements catalans devrait être abrogée.
Yolanda Diaz, ministre du Travail
Cette membre de Podemos mettra en oeuvre les promesses de campagne: hausse du SMIC, des retraites et du salaire des fonctionnaires.
Margarita Robles, ministre de la Défense
La ministre devra gérer la grogne au sein de l’armée particulièrement remontée contre l’accord gouvernemental entre les socialistes et indépendantistes catalans.
Alberto Garzon, ministre du Cpmmerce
Garzon est officiellement le chef du parti communiste espagnol. C’est la première fois qu’un communiste est ministre en Espagne depuis 1936.
Salvador Illa, ministre de la Santé
Ce Catalan élargira la gratuité des médicaments pris en charge par la sécurité sociale.
Irene Montero, ministre de l’Égalité
La numéro 2 de Podemos est la compagne de Pablo Iglesias. Fait inédit, Irene Montero sera dans le même gouvernement que son fiancé. Au sein de son ministère, elle sera en charge de mettre en place un loi régulant les baux locatifs et tentera de mettre fin aux augmentations radicales des prix des logements en Espagne.
Manuel Castells, ministre des Universités
Ce proche de la maire de Barcelone Ada Colau était professeur de faculté à Paris en mai 1968 pendant la révolte universitaire. Il se déclare d’obédience marxiste.
Reyes Maroto, ministre de l’Industrie
La ministre promet une révolution digitale en Espagne notamment au niveau de la simplification des démarches administratives.
Arancha Gonzales, ministre des Affaires étrangères
Cette basque sera à la tête de la diplomatie espagnole.