Possible réconciliation entre les indépendantistes catalans et l’Espagne

La gauche indépendantiste offre au socialiste Pedro Sánchez une majorité parlementaire et la possibilité de former un gouvernement. Pour autant le problème de la crise territoriale n’est pas réglé. Décryptage. 

Les indépendantistes catalans font leur grand retour dans la politique nationale. Depuis une décennie, le nationalisme de Catalogne a perdu toute influence à Madrid. La gauche républicaine indépendantiste catalane (ERC), dont le président Oriol Junqueras est emprisonné depuis 2017, est allée au bout de sa nouvelle logique. ERC a permis aujourd’hui l’investiture du socialiste Pedro Sánchez et la formation d’un gouvernement avec la gauche radicale. Les républicains ont fait preuve d’un certain courage en résistant au bashing de l’indépendantisme radical sur les réseaux sociaux et aux coups de menton de Carles Puigdemont, Quim Torra et leurs amis.

En échange de son soutien pour investir Sánchez, ERC a obtenu la garantie, non écrite, de la création dans quinze jours d’une table ronde entre l’Espagne et la Catalogne, afin de trouver une sortie à la crise indépendantiste. L’accord qui naîtra de ces négociations devra être ratifié par un référendum en Catalogne. Les socialistes ont été très clairs: il n’y aura aucune proposition en matière d’indépendance et de droit à l’autodétermination de la Catalogne. Les pourparlers pourront aborder des thèmes comme le financement de la Catalogne, une décentralisation de certaines compétences et une éventuelle loi d’amnistie pour effacer les condamnations dans le procès de la déclaration d’indépendance.

Pas de consensus

Pour autant est-il possible de parler de réconciliation catalano-espagnole? La réponse reste négative. L’accord de l’investiture n’implique qu’une partie de l’Espagne et de la Catalogne. Pour une réconciliation, il faut unanimité et consensus. Les droites espagnoles redoublent de critiques contre le Premier ministre et « les putschistes » catalans responsables du « coup d’état » d’octobre 2017. Un discours dans lequel se reconnait une grande partie de intelligentsia madrilène, la couronne, la justice et les secteurs militaires.

En Catalogne, le clivage est également important. ERC a négocié l’investiture en solitaire, sans impliquer le parti de Carles Puigdemont qui dirige actuellement la Generalitat. L’ancien président, dans le pur style d’octobre 2017, reste dans la logique d’affrontement permanent avec Madrid. Les prochaines élections catalanes départageront les deux camps. Le parti de Carles Puigdemont s’appuiera sur la victoire judiciaire de celui qui a réussi à devenir parlementaire européen.

Grâce à son passeport diplomatique, Puigdemont peut désormais se déplacer sans risque d’être arrêté par la police, sauf en Espagne. Il devrait dans les prochaines semaines venir en meeting à Perpignan, sur les terres de la Catalogne historique. Il jouera à fond la carte sentimentaliste du roman national catalan. De son côté, ERC sera jugé sur sa faculté à mettre en place un pragmatisme politique à Madrid. Dans ce domaine, le parti d’Oriol Junqueras n’a pas le droit à l’erreur, s’il ne veut pas que l’insulte de botifler (traître en catalan) qui circule à son encontre sur les réseaux sociaux ne devienne une réalité dans l’ensemble de la société.

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