L’histoire entre le Roi-Soleil et les Catalans s’est terminée par un génocide culturel et linguistique.
Enfant, Louis XIV aimait la Catalogne et les Catalans. Le futur Roi-Soleil est officiellement comte de Barcelone, depuis que son père Louis XIII a sauvé la Catalogne de la Castille lors de la guerre des Segadors. Dans la correspondance épistolaire qu’entretient le jeune Louis avec les autorités catalanes, il couche par écrit son amour pour l’histoire de ce territoire. Exalté, Louis prononce d’ailleurs un certain nombre de promesses qu’il ne tiendra pas durant son règne. L’héritier Bourbon s’était notamment engagé à protéger les pays catalans contre la Castille. Un serment violé avec le traité des Pyrénées qui coupera la Catalogne en deux parties, comme c’est encore le cas de nos jours.
Centralisme français
Une fois devenu adulte, le Roi-Soleil est surtout resté dans l’histoire pour sa haine du catalanisme et sa défense de l’unité de la France. Versailles doit concentrer tous les pouvoirs. Le dogme du centralisme extrême, tel qu’il existe encore aujourd’hui en France, date de 1628. L’inspirateur intellectuel et idéologique en est le cardinal Richelieu. Le pouvoir catholique de Louis XIII est défié par le protestantisme. La Rochelle, fief de la réforme religieuse subira un intense siège du pouvoir français, du 10 septembre 1627 au 28 octobre 1628. L’unité du royaume de France a été mis en péril par La Rochelle protestante. L’Europe entière a regardé ce combat. Lorsque la ville est tombée, Louis XIII est allé célébrer une messe catholique dans la cité rebelle. Le cardinal de Richelieu, fier d’avoir redonné à la France son rôle central en Europe allait dicter une nouvelle doctrine. En France on parlera français, on pensera français et on résonnera français comme l’écrit Éric Zemmour dans son livre Destin français.
Génocide linguistique
L’unité de la France passera par la langue. 72 ans après la chute de la Rochelle, Louix XIV continuera l’oeuvre de son père et de Richelieu. Le monarque publiera la déclaration « d’Interdiction de la langue catalane en Roussillon » et formulera cette remarque: « La langue catalane me répugne et son utilisation est contraire à mon autorité et dans l’honneur de la nation française ». La conséquence de cet édit se traduira peu à peu par la perte du catalan dans les communications de l’administration et de la justice. Un travail de sape du régionalisme en France qui continuera et sera même accentué après la Révolution française. L’idéologie de la République sera l’unité de la France et le jacobinisme pour cumuler tous les pouvoirs au sein de l’État central. Les parlements régionaux sur lesquels s’étaient pourtant appuyés les pères de la Révolution contre le roi Louis XVI seront rapidement fermés. Seule l’Assemblée nationale parisienne représentera le peuple uni de France.