Des études ont montré que le fait d’être exposé à la pollution atmosphérique, à plus ou moins long terme, peut avoir des effets néfastes sur les poumons et le cœur, et probablement aussi sur le cerveau.
La pollution extérieure serait d’ailleurs à l’origine de trois millions de décès par an dans le monde entier. Par conséquent, un certain nombre de villes ont adopté des mesures visant à réduire la pollution atmosphérique, dont le péage urbain instauré à Londres, la « police de l’environnement » de Pékin ou encore la zone de basses émissions qui sera mise en place dès le 1er janvier prochain à Barcelone.
Comme il faut du temps pour mettre en œuvre de telles mesures adoptées et pour qu’elles produisent des effets, de plus en plus de piétons et de cyclistes ont décidé de porter des masques ou d’autres appareils censés réduire les risques auxquels ils sont exposés.
Il existe de simples masques antipoussière en papier mais aussi des appareils qui permettent d’assainir l’air et d’éviter d’être exposé aux pires formes de pollution atmosphérique. Les masques les mieux adaptés à un usage extérieur se situent entre ces deux types de modèles.
Les risques et leur atténuation
La pollution atmosphérique est due à des particules et à des gaz. Ces derniers comprennent notamment l’ozone, le monoxyde de carbone, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre et un grand nombre de substances chimiques connues sous le nom de composés organiques volatils. Bien que les gaz soient susceptibles d’être nocifs pour la santé, les études montrent qu’il convient avant tout de se préoccuper des dangers que présentent les particules fines, notamment celles dont la taille est inférieure à 2,5 microns.
Il s’agit donc de savoir si les masques permettent d’atténuer ou de prévenir l’exposition à la pollution atmosphérique.
Leur efficacité dépend en fait du type de substance toxique, du modèle de masque et de la façon dont celui-ci est utilisé. Les différents modèles sont porteurs d’indices de protection qui correspondent au taux de substances nocives que le masque n’est pas en mesure d’éliminer. Un indice de protection de 10 signifie que seule 10 % de la substance concernée n’est pas filtrée par l’appareil, à condition que ce dernier soit porté correctement.
Les simples masques antipoussière en papier sont quasiment inutiles pour réduire l’exposition à la pollution atmosphérique. Cependant, certains modèles dotés de filtres haute efficacité pour les particules de l’air (HEPA), par ailleurs peu coûteux, se révèlent assez efficaces pour limiter l’exposition aux particules fines, notamment les modèles « respirateurs N95 », qui présentent un indice de protection de 5 et ne laissent donc passer que 5 % des particules.
Leur efficacité est réduite pour ce qui est des particules inférieures à 0,3 micron (ce qui est le cas des bactéries, mais pas des virus et de la plupart des particules fines dégagées par les véhicules thermiques). Même si les masques N95 n’éliminent pas les gaz toxiques, il est toujours possible de les combiner à d’autres matériaux comme le charbon actif, qui permettent d’atténuer l’exposition aux gaz. Ces modèles sont plus coûteux. Il convient donc de se renseigner au sujet des types de gaz qu’ils permettent de filtrer, et avec quelle efficacité.
Que révèlent les études menées sur le sujet ?
Peu d’études ont été menées sur la capacité des masques à prévenir ou atténuer les effets nocifs sur la santé induits par l’exposition à la pollution atmosphérique. Il convient par ailleurs d’en interpréter les conclusions avec précaution.
Sur trois études expérimentales menées en Chine, deux ont conclu que le fait de porter des masques N95 en déambulant dans le centre de Pékin contribuait à faire baisser la pression artérielle chez des sujets en bonne santé comme chez des sujets atteints de maladies cardiaques. Chez ces derniers, on a par ailleurs observé une amélioration de la circulation sanguine et un meilleur apport d’oxygène vers le cœur à l’aide de ces masques. La troisième étude, menée à Shanghai, a elle aussi permis de constater que la circulation sanguine de sujets en bonne santé était meilleure lorsqu’ils portaient des masques N95.
Ces études semblent donc indiquer que le port d’un masque filtrant les particules permet de réduire les effets à court terme sur le cœur et les vaisseaux sanguins dus à l’exposition à la pollution atmosphérique urbaine.
S’il faut donc faire preuve de prudence dans l’interprétation de ces conclusions, c’est tout simplement parce que les personnes qui ont pris part à ces études savaient qu’elles respiraient de l’air filtré. Bien que cela semble évident, le simple fait d’en avoir conscience a pu produire les résultats observés, bien que ceux-ci aient été attribués à une atténuation de la pollution. Aucune étude n’a par ailleurs été réalisée en vue de déterminer si les masques permettent également de limiter les effets sur les poumons ou si les effets d’une exposition à long terme peuvent également être évités.
Pour s’assurer de la fiabilité de tels résultats, il est nécessaire de mener des études consacrées aux effets sur les poumons et le cœur, tout en veillant à ce que les participants ignorent s’ils respirent de l’air filtré ou non. Il convient en outre de déterminer s’il est plus efficace de porter des masques qui permettent de filtrer les gaz toxiques en plus des particules fines. Une étude que nous avons réalisée récemment en Chine, et dont les conclusions seront publiées sous peu, a permis de remédier à ces lacunes.
Des contraintes à prendre en compte
Le fait de porter un masque pour réduire l’exposition à la pollution atmosphérique présente des inconvénients pour certaines personnes, qui risquent de se sentir mal à l’aise, d’avoir l’impression qu’elles ont du mal à respirer ou de se sentir oppressées. D’ailleurs, ces masques ne sont efficaces que s’ils épousent parfaitement le visage. Les hommes qui portent la barbe ou ne sont pas rasés, par exemple, pourront difficilement les ajuster comme il se doit.
En outre, bien que nous soyons davantage exposés à la pollution atmosphérique à l’extérieur, nous passons l’essentiel de notre temps à l’intérieur, où nous respirons aussi des polluants atmosphériques, y compris des gaz et des particules fines. Sachant qu’il est rare que des masques soient portés à l’intérieur, il faudrait avoir recours à des épurateurs d’air intérieur permettant de filtrer les particules et les gaz si l’on veut se protéger encore plus efficacement contre les substances nocives présentes dans l’air que nous respirons.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.