Ce mardi Nicolas Sarkozy a donné avec l’ex-Premier ministre espagnol José Maria Aznar une conférence sur le thème de l’avenir de l’Europe. L’occasion pour l’ancien président français de critiquer le processus d’indépendance de la Catalogne.
Invité à Madrid par l’Université Francisco de Vitoria, Nicolas Sarkozy a parlé du processus de l’indépendance de la Catalogne comme d’« un problème pour tout le continent européen; si, après le Brexit, la Catalogne devenait indépendante, ce serait un traumatisme pour vous, mais cela aurait des conséquences pour tout le monde car cela pourrait avoir un effet domino » a affirmé l’ancien président français. Celui qui était qualifié par la presse et ses opposants comme un président hyperactif a dénoncé « l’immobilité » des pays européens face aux mouvements indépendantistes. « C‘est l’immobilité qui permet à ceux qui veulent tout casser de devenir le seul porteur d’un rêve » a dénoncé Sarkozy.
Pour donner sa conférence, Sarkozy a formé un duo avec l’ancien Premier ministre espagnol conservateur José Maria Aznar. « Je suis dans une situation d’inquiétude maximale. Je ne suis pas disposé à accepter la possibilité d’une rupture de la nation espagnole » a pour sa part déclaré Aznar. Parallèlement, l’ancien leader espagnol a fait une dure critique concernant la volonté du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez qui cherche à monter une coalition avec Podemos pour dégager une majorité parlementaire avec l’aide des indépendantistes catalans. « Je ferai entendre ma voix. Je tiens à avertir les Espagnols de la coalition des radicaux de gauche. Pour la première fois depuis la guerre civile, les communistes entreront au gouvernement. C’est une situation de risque maximum. Il s’agit de former un gouvernement avec la complaisance de quelqu’un qui est reconnu coupable de sédition [NDLR : Oriol Junqueras président de la gauche indépendantiste catalane incarcéré suite à la déclaration d’indépendance] et d’un terroriste reconnu et repenti [NDLR : Arnaldo Otegi, député de l’extrême-gauche basque indépendantiste Bildu, et ancien membre du groupe terroriste ETA ] (…) Je ne veux pas que cela se produise et j’exprime donc mon angoisse » a ajouté celui qui fut chef du gouvernement espagnol entre 1996 et 2004.
Lire aussi : La gauche indépendantiste catalane doit-elle se sacrifier?
Tableau international
Aznar, également président de la fondation libérale-conservatrice FAES, a commenté avec le même pessimisme la situation internationale de ces derniers jours. « Trop de frustrations génèrent colère et révoltes contre le système. Les démocraties libérales vivent l’un des moments les plus pénibles de longue date. (…) A Hong Kong, Barcelone et au Chili, il existe des mouvements anti-système qui n’ont qu’un seul lien, la révolution technologique, et les démocraties sont en train de perdre leur combat » a-t-il averti.
Ajoutant de la mélancolie au pessimisme d’Aznar, Nicolas Sarkozy a fait une référence à Donald Trump, critiquant la « vulgarité » de certains dirigeants actuels. « Quand Aznar et moi étions au pouvoir, les discussions n’étaient pas faciles, mais il y avait des codes. On ne pouvait pas dire n’importe quoi. Il n’y avait pas de réactions impulsives, des tweets insultant la femme de l’autre ... » L’ancien président français a déploré « la pression des réseaux sociaux et de ce qui est à la mode » ajoutant que « nos sociétés sont devenues des démocraties où chacun peut empêcher les choses de se faire et personne n’a le pouvoir de les faire, car pour agir, nous devons avoir l’avis de la dernière petite association ».
Les deux hommes, qui se connaissent depuis longtemps, sont apparus très complices tout au long de la conférence. Partageant une vision assez proche de la politique internationale, ils ont une autre passion commune: le football. Aznar étant un féru supporter du Real Madrid et Sarkozy du PSG. Et ça tombe bien: ce soir c’est le Real Madrid-PSG, la journée se terminera donc au stade.