Depuis quinze jours Barcelone vit entre manifestations, blocages, tensions et émeutes. Depuis l’annonce du verdict, un des épicentres de la colère indépendantiste est la Via Laietana à Barcelone, où se situe le commissariat de police espagnole. Un lieu lourdement chargé d’histoire, de tortures et de violences. 

Depuis 2011, chaque manifestation indépendantiste alternative finit devant le commissariat de la police espagnole Via Laietana. Des fins de cortèges rythmées par des provocations qui se terminent en général assez promptement avec ou sans charges policières. Depuis le 15 octobre dernier, et le début de la crise, Via Laietana est devenue le centre des protestations et de violences que Barcelone n’avait pas connu depuis 80 ans selon le ministre catalan de l’Intérieur, Miquel Buch. Si les manifestants hurlent « dehors les forces d’occupation » devant le commissariat, ce n’est pas uniquement en raison de l’actuelle implantation des pelotons de la police espagnole. Le 43 Via Laietana est connu de sinistre mémoire par les militants indépendantistes, syndicalistes ou communistes.

Tortures

De 1943 jusqu’en 1975, le bâtiment abritait le siège de la brigade politico-sociale de la police franquiste. C’est ici qu’avaient lieu les gardes à vue, interrogatoires et tortures. Dans les bureaux ou dans les geôles de la bâtisse. Des milliers de détenus sont entrés dans le commissariat franquiste de Vía Laietana, d’où sont sortis des centaines de témoignages sur la torture pratiquée.

emeutes barceloneLes passages à tabac étaient la méthode la plus courante, mais la police a également eu recours à des techniques de torture plus complexes, telles que celle du « San Cristo ». Les jambes du détenu sont sur une table et le tronc à l’extérieur, de sorte que le sang lui monte à la tête pendant le tabassage. La « cigogne » consistait à menotter les chevilles avec les poignets des mains derrière le dos. Ou « la baignoire » dans laquelle les torturés ont été submergés pour générer un sentiment de noyade.

Comme l’a expliqué Carles Vallejo, président de l’Association des expressions politiques sous Franco, les tortionnaires demandaient en premier lieu que le détenu « balance », c’est-à-dire qu’il fournisse les noms et les données nécessaires au démantèlement d’une organisation ou d’une de ses cellules. Mais l’autre objectif, surtout au début de la dictature, était de créer un climat de peur dans la société selon Vallejo. Des personnages célèbres sont passés par les geôles de Laietana : l’ancien président catalan Jordi Pujol, l’ex vice-président Josep Lluís Carod-Rovira ou le chanteur Lluís Llach. L’endroit ne servait pas seulement à pourchasser les anti-franquistes politiques mais aussi des syndicalistes comme le leader de la C.C.O.O de Seat en 1971.

Répression permanente

Lieu de répression, le 43 Via Laietana n’a pas été utilisé que par les franquistes. A l’autre bout de l’échiquier, le président indépendantiste de la Generalitat en 1936. Lluis Companys avait installé le « commissariat d’ordre public », qui n’est pas exempt de dérapages violents. Depuis le retour de la démocratie, le bâtiment n’est évidemment plus un endroit de tortures, il s’est converti en un commissariat de police classique. D’ailleurs les syndicats de police se désolent de devoir déployer des effectifs en nombre pour protéger un lieu sans aucune utilité quotidienne, dans la mesure où c’est la police catalane, les Mossos d’Esquadra, qui possèdent les compétences en matière de sécurité.

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