Le consul général de France à Barcelone quitte la ville, sa mission de trois ans est achevée. Cyril Piquemal est arrivé pendant le conflit indépendantiste catalan et repart en pleine épidémie de Covid-19.
Cigarette à la bouche, longs cheveux bruns bouclés au vent, le 14 juillet 2017 lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Edouard Bellay, le nouveau consul Cyril Piquemal séduit le parterre d’invités.
Dans la très chic cour intérieure de l’hospital Sant Pau privatisée pour la fête nationale, Cyril Piquemal ressemble plus à l’écrivain Frédéric Beigbeder qu’à un représentant du corps diplomatique. Pourtant, l’homme a de l’expérience dans les affaires étrangères. De 2007 à 2012, il sera conseiller Europe de François Hollande. Ce qui n’empêchera pas Cyril Piquemal de passer un mauvais moment quand le président de la République ne connaîtra pas son nom devant les caméras du Petit Journal de Canal Plus.
L’indépendance de la Catalogne
La mission du nouveau consul a été fortement marquée par le processus indépendantiste catalan. L’ambassade de France, autorité directe de Cyril Piquemal, suit à ligne la position de la France : l’unité de l’Espagne n’est en aucun point discutable.
Pourtant, en arrivant à Barcelone, Cyril Piquemal offre un visage sympathique aux indépendantistes. Il recevra, après une interview sur Equinox Radio, Txell Bonet l’épouse d’un des prisonniers indépendantistes Jordi Cuixart. Il s’affichera également avec le président du parlement Roger Torrent.
« Du pur apparat, Cyril Piquemal est un défenseur acharné de l’unité de l’Espagne, il a suivi avec zèle les ordres de l’ambassadeur à Madrid Yves Saint-Geours, un diplomate franchement anti-indépendantiste » s’étrangle un député socialiste spécialiste des questions internationales.
Un positionnement politique qui enchante ce qu’il reste de la droite française barcelonaise. « C’est exactement le Consul dont nous avions besoin pour barrer la route à l’indépendantisme » se réjouit un militant de longue date des Républicains.
Manque de transparence
Mondain, Cyril Piquemal en fera sa marque de fabrique à Barcelone. Depuis le début de sa mission jusqu’à la crise du Covid, les cocktails privés barcelonais se sont enchaînés. Que ce soit lors des réceptions à la résidence officielle du consul sur les hauteurs de Barcelone ou lors de la privatisation de la Estació de França pour faire venir des chefs étoilés et profiter des meilleurs crus sur listes d’invités privée.
Face à la réduction drastique des moyens financiers du Quai d’Orsay, Cyril Piquemal a noué des relations avec des associations locales bénéficiant de subventions publiques pour monter ces réceptions. Un sujet qui met mal à l’aise le diplomate qui n’a jamais souhaité évoquer la question. Interrogé à maintes reprises par Equinox, le diplomate a systématiquement botté en touche, évoquant une supposée confidentialité liée à sa mission. Piquemal renvoie la patate chaude au Quay d’Orsay. Le ministère des Affaires étrangères n’a pas non plus donné suite aux questions d’Equinox, formulées à de nombreuse reprises sur le financement de ces fêtes privées barcelonaises.
Un consul 2.0
Le grand point fort de Cyril Piquemal restera son implication auprès des entreprises, et notamment celles qui sont liées aux nouvelles technologie. Le consul a été très proche des entrepreneurs de la French Tech et s’est véritablement passionné pour le sujet, appuyant avec enthousiasme de nombreuses initiatives. Smart City, berceau de la 5g, le consul a réussi à se connecter avec les forces vives de la Barcelone 2.0.
Au terme d’une mission mouvementée, Cyril Piquemal sortira toutefois par la petite porte, préférant annuler la traditionnelle célébration du 14 juillet qui aurait marqué ses adieux, à cause des circonstances sanitaires. Le nom de son remplaçant n’est pas encore connu.