Tribune de Quim Torra, président de la Catalogne.
Je suis heureux de saluer toute la communauté française de Catalogne à l’occasion de la fête nationale. Une célébration que je vis pour la seconde année en tant que président de la Generalitat et qui se situe à un moment où notre préoccupation est maximale concernant la situation politique que nous vivons.
Près de deux ans se sont écoulés depuis que les dirigeants sociaux, la présidente du Parlement et des membres du gouvernement sont en détention provisoire ou en exil pour avoir convoqué le référendum du 1er octobre. Une journée au cours de laquelle l’Espagne a franchi toutes les lignes rouges et déclenché une action répressive contre une population et un gouvernement qui voulait simplement s’exprimer avec des urnes et des bulletins de vote.
Les droits et libertés fondamentales, piliers de l’état de droit et berceau de la démocratie, ne peuvent aller à l’encontre de la volonté d’un peuple exprimée dans les urnes. Vous connaissez bien cette réalité, et l’avez adopté comme devise: « Liberté, Égalité et Fraternité ». Mais cette défense de la démocratie en Catalogne a malheureusement été tronquée. C’est pourquoi j’ai remercié publiquement le manifeste de soutien signé par 52 députés français, appartenant à différents groupes politiques, exprimant leur « inquiétude et leur désapprobation pour la situation selon laquelle des dirigeants indépendantistes vivent emprisonnés ou en exil ». Comme eux, je tiens également à dénoncer le fait qu’une « violation des libertés fondamentales et de l’exercice de la démocratie » est en cours et que « le débat politique ne peut être résolu par la répression ».
Le futur immédiat sera décisif. La décision du Tribunal suprême jugera les prisonniers politiques, mais elle jaugera également le niveau démocratique de l’Espagne. Nous ne l’accepterons pas. Aucun jugement n’est absolu, car la seule chose que nous avons faite a été de donner la parole aux citoyens. Tous les droits qui nous sont refusés seront exercés à nouveau. Dans un pays moderne, les droits et libertés doivent être respectés, ils ne peuvent pas être pris au piège par un État qui ne reconnaît pas leur volonté démocratique. C’est pourquoi ce 11 septembre marque un tournant pour rappeler les objectifs qui nous ont porté jusqu’ici : obtenir l’indépendance, travailler à la construction d’un pays plus juste, plus solidaire et durable. La souveraineté populaire doit être reflétée dans la configuration des institutions et les lois ne peuvent contredire la volonté d’un peuple. Comme l’a dit Pompeu Fabra, « nous n’avons que ce que nous savons gagner ».
Nous avons besoin de nous mobiliser, de reprendre l’initiative et de concrétiser notre projet. Je vous encourage fortement à participer à ce processus. L’opportunité d’écrire l’avenir de la Catalogne est entre nos mains. Parcourons ensemble le chemin de défense des libertés. Cela nous concerne tous. Nous revendiquons nos droits. Je vous encourage à faire vôtre, cette fête de la Diada, à la vivre intensément.