52 députés de la République française signent une tribune dans le Journal du Dimanche pour protester contre la répression des élus indépendantistes catalans en Espagne.
En mars dernier, 41 sénateurs français protestaient vigoureusement contre la répression qui s’abat sur les indépendantistes catalans depuis la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017. Matignon et l’Élysée avait alors déployé une cellule de crise pour éviter un incident diplomatique avec l’Espagne. Nouveau coup de semonce en ce 1er septembre : 52 députés français publient, chez nos confrères du Journal du Dimanche, une tribune pour soutenir les élus indépendantistes catalans« emprisonnés ou exilés » qui « risquent d’être condamnés à de lourdes peines de prison ».
Pour les parlementaires français, le débat politique ne « saurait être tranché par la répression, par des atteintes aux droits des personnes, par une forme de délit d’opinion ». « Nous appelons à l’apaisement des tensions et à la fin des mesures arbitraires qui frappent des élus du suffrage universel » ajoutent-ils.
Plusieurs députés d’Occitanie ont signé : l’ancienne ministre de François Hollande Sylvia Pinel (Tarn-et-Garonne), Jeanine Dubié (divers gauche, Hautes-Pyrénées), Michel Larive (La France insoumise de Mélenchon -FI-, Ariège), Muriel Ressiguier (FI, Hérault) et Bénédicte Taurine (FI, Ariège). Ni Samantha Cazebonne, députée LREM des Français d’Espagne, ni aucun membre de la majorité d’Emmanuel Macron n’ont signé cette tribune.
Réactions en Catalogne
Le ministre catalan des affaires étrangères Alfred Bosch a remercié sur son compte Twitter, le courage et la dignité de ces élus.
52 députés français d’une majorité de partis politiques demandent la libération des prisonniers politiques et une solution démocratique pour la #Catalogne. Merci pour votre courage et votre dignité!
📄https://t.co/yeVUzAIlNw pic.twitter.com/eYb8SBA8IB— Alfred Bosch🎗 (@AlfredBosch) September 1, 2019
Le président de la Generalitat, Quim Torra, a exprimé également sa gratitude sur Twitter aux députés: « Merci beaucoup pour votre engagement en faveur de la démocratie et des droits civils et politiques.
52 députés français de différents groupes politiques ont signé une lettre dénonçant la répression de l’État espagnol en Catalogne. Merci beaucoup pour votre engagement envers la démocratie et les droits civils et politiques https://t.co/i11PocSTnl
— Quim Torra i Pla (@QuimTorraiPla) September 1, 2019
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères espagnol par intérim, Josep Borrell, a déploré ce dimanche « l’ignorance de la réalité espagnole » de ces députés français. « Ces députés ignorent la réalité d’un pays voisin et ami de la France telle que l’Espagne, qui fait partie intégrante de l’Union européenne, un pays uni par le même respect de la légalité », a déclaré M. Borrell. À Varsovie, où il a assisté aux manifestations commémoratives du 80e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale, le ministre a souligné que « certains dirigeants politiques ont tenté de séparer une partie de l’Espagne en contournant la Constitution ».
Manuel Valls a également réagi sur Twitter : « Il n’y a pas de répression ou de prisonniers politiques mais des responsables publics qui se sont affranchis des règles constitutionnelles en voulant séparer la Catalogne du reste de l’Espagne. Ces députés ignorent la réalité d’un pays voisin et ami. C’est consternant. »
A la mi-octobre, le Tribunal suprême rendra sa sentence dans le procès de la déclaration d’indépendance, où les membre du gouvernement Puigdemont, l’ancienne présidente du parlement et des responsables associatifs risquent une peine de 17 à 25 ans de prison.