Sur les plages de Barcelone, les vendeurs ambulants proposent des boissons fraîches, telles que les mojitos. Si les cocktails non autorisés séduisent les vacanciers, ils représentent pourtant de véritables nids à bactéries.
Photo: Asociación de servicios de temporada de las playas de Barcelona
Durant la saison estivale à Barcelone, les plages sont prises d’assaut par les touristes, mais aussi les vendeurs ambulants, connus pour répéter le refrain “cerveza, mojito?”. Leur forte présence sur le littoral barcelonais porte à croire que la vente est autorisée, mais elle est en réalité interdite. Une mesure méconnue des vacanciers qui se laissent tenter par un mojito, rafraîchissant en apparence, pour le savourer sans bouger de leur serviette.
Depuis plusieurs années, la police municipale effectue des opérations quotidiennes contre la vente ambulante, toute boisson confondue, explique la porte-parole de la Guardia Urbana Bárbara Soler à Equinox. 463.598 furent confisquées en 2017, contre 442.626 l’année dernière. L’interdiction signifie que les boissons ne subissent aucun contrôle d’hygiène, « elles représentent un risque pour la santé » ajoute la représentante.
À chaque saison, la Guardia Urbana diffuse quelques images d’opérations effectuées. Le dernier communiqué date de septembre dernier. La police catalane et la Guardia Civil ont saisi des ingrédients servant à la fabrication de mojitos, cachés dans des poubelles ou sous des plaques d’égoût. Tous ont été passés au peigne fin par le laboratoire de chimie de la Guardia Civil. Ce dernier confirme que les boissons contiennent des éléments dangereux pour la santé, telle que bactérie intestinale « escherichia coli ». Elle provient de selles d’êtres humains, de vertébrés et d’eau naturelle non traitée et peut provoquer des diarrhées, gastro-entérites et autres problèmes digestifs et infections graves.
Augmentation de la vente ambulante
« Nous sommes face à une infraction pénale et un véritable problème de santé publique s’exclame Eugenio Zambrano, secrétaire au syndicat CSIF et agent de la Guardia Urbana. Il faut vraiment réaliser le danger qui provient de ces boissons cachées dans des égoûts ou des appartements insalubres ». Selon lui, le phénomène des ventes ambulantes de mojitos augmente depuis plusieurs années. « La police municipale manque de ressources humaines, la mairie d’Ada Colau choisit ses priorités comme la circulation. Moins d’agents sont mobilisés pour la vente ambulante, la police est débordée et ça porte préjudice aux citoyens. Il faudrait également améliorer nos infrastructures et notre matériel » ajoute le professionnel. De plus même si un vendeur ambulant est sanctionné par la police et son matériel confisqué, rien ne l’empêche d’à nouveau acheter les ingrédients et préparer des mojitos quelques heures plus tard.
Eugenio Zambrano pointe également du doigt le manque de coordination entre les différentes forces pour mener à bien une opération. Concrètement, depuis le syndicat CSIF, la mise en place d’une organisation unique faisant le lien entre tous les services d’urgence, comme les pompiers et la police, serait une solution.
La hausse a été confirmée cette semaine par les associations de commerçants de Barcelone. Quarante-trois entités ont adressé à la maire Ada Colau une lettre, réclamant l’adoption urgente de mesures pour limiter la vente ambulante. 130 millions d’euros auraient été perdus depuis le début de cette crise.