Après son soutien à Ada Colau, les électeurs français de Manuel Valls entre résignation et colère

Sauf nouveau coup de théâtre, ce samedi, la maire de gauche radicale Ada Colau rempilera pour un second mandat après  être arrivée deuxième de l’élection du 26 mai dernier derrière l’indépendantiste Ernest Maragall. Ada Colau ressuscite grâce à l’aide des socialistes et de Manuel Valls. Nous sommes allés à la rencontre des Français de Barcelone qui avaient porté leur voix sur l’ancien Premier ministre. 

« C’est un acte de trahison. En choisissant Manuel Valls, je n’ai pas le sentiment d’avoir voté pour Colau ». L’avocat Pierre-Jean Trebuchet qui nous assure « avoir fait tous les meetings de Manuel Valls » ne décolère pas.

« J’ai soutenu Valls car c’est un personnage d’expérience et d’envergure, c’était très courageux de sa part de venir lutter contre l’indépendance catalane, explique le quadragénaire. « J’ai suivi Valls pendant toute la campagne et il nous a bien expliqué que c’était tout sauf Colau » se désole cet ancien militant des Républicains, aujourd’hui encarté chez Ciutadans, le parti de droite libérale qui a soutenu l’ex-Premier ministre dans sa course à la mairie.

MANUEL VALLS ADA COLAU

Pierre-Jean Trebuchet avec Manuel Valls et la candidate Chantal Moll

« Manuel Valls nous explique qu’il y a un danger d’avoir un indépendantiste à la tête de la mairie, mais le risque est un indépendantiste qui dirige le gouvernement catalan, pas dans une municipalité. Qu’est-ce que Valls veut nous faire croire? Que Maragall allait déclarer l’indépendance unilatérale de Barcelone? » s’exaspère Pierre-Jean Trébuchet. « Je n’appelle pas de mes vœux l’avènement d’Ernest Maragall, pour moi c’est ni indépendantiste, ni Colau. Mais si Manuel Valls n’était pas un tel opportuniste, il lutterait depuis l’opposition dans le Conseil municipal, et il aurait eu du travail » conclut l’avocat.

L’indépendantisme, pire que Colau

Dominique, chef d’entreprise qui souhaite garder l’anonymat, a lui une lecture différente de la campagne électorale et du choix final de son candidat: « le slogan de Manuel Valls, les derniers jours avant l’élection était « stop à l’indépendance ». Valls est très malin car à la fin de la campagne, il s’est adressé à la frange d’électeurs qui pensent, comme moi, que l’indépendantisme c’est pire qu’Ada Colau » se félicite ce père de famille résidant dans le quartier de Pedralbes.

Un ouf de soulagement que partage Sophie, cadre dans une multinationale et qui souhaite également conserver son anonymat. « Ce n’est pas une élection municipale quelconque, nous avions un candidat qui voulait convertir Barcelone en la capitale de la République Catalane »  analyse la jeune femme qui a voté Macron aux dernières présidentielles.  « Nous ne pouvions pas avoir un maire de Barcelone qui va dans le même sens que le président catalan indépendantiste, se rassure la trentenaire, mais je ne suis pas non plus fan d’Ada Colau, je ne suis pas sûre qu’elle nous débarrasse des rubans jaunes qui ont envahi les rues de Barcelone ».

L’investiture d’Ada Colau -sauf nouveau retournement de situation- aura lieu ce samedi à partir de 16h30, dans une ambiance tendue. Les deux camps indépendantistes et le parti de Colau ont invité leurs supporters à se réunir devant la mairie plaça Sant Jaume.

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